Kubrick se lance dans le film noir.
On reste autour d'un braquage, sa préparation minutieuse, la réalisation puis les effets immédiats, il reste dans un laps de temps assez court.
Autour de ça, il utilise les éléments typiques du film noir, il en oublie peu en chemin, aucune bonne âme, une femme fatale, un ripou dans la police, le gars trop naïf berné par sa femme fatale, la voix-off, le flash-back etc
En soi, il ne redéfinit pas le genre, mais qu'importe, surtout qu'il use avec brio de la multiplicité des points de vue.
Ce qui donne un film efficace, clair et ingénieux.
La réussite vient de tous ses personnages, que Kubrick parvient à développer en peu de temps, ils existent tous et apportent une pierre importante à cet édifice très bien organisé. S'ils ont une base très classique pour le genre, la majorité s'en affranchisse, et en particulier le principal, remarquablement interprété par Sterling Hayden.
Rapide, avec un montage adéquat, The Killing joue son suspense non pas sur le déroulement du casse, mais plutôt ce qui va suivre, on se doute que ce qui coincera arrivera à ce moment-là. Le casse est remarquablement exécuté, c'est à ce moment-là que Kubrick joue sur les nombreux et différents points de vue, et on ne comprend qu'à la fin de son exécution comment il s'est déroulé précisément. Tout fonctionne à merveille, la voix-off, le montage où l'on passe d'un personnage à un autre et surtout la tension qui découle des évènements.
L'atmosphère est vive, tendue, nerveuse parfois, les personnages savent que la moindre faute peut, au mieux, les envoyer en taule, au pire, les faire tuer. Kubrick joue sur cet aspect et apporte à The Killing l'intensité nécessaire. Si la mise en scène épouse parfaitement le genre du film noir et ses codes, il en est de même pour l'écriture, les personnages donc, mais aussi les dialogues, solides et secs, ainsi que la voix-off, extérieure et qui n'alourdit jamais le récit. Plusieurs séquences sont déjà mémorables, à l'image de l'ensemble du braquage (la bagarre au bar, la course en elle-même, etc).
Encore ancré dans le moule hollywoodien, Stanley Kubrick joue et use des codes du film noir avec brio et The Killing est un archétype du genre, extrêmement bien mené, astucieux, sous tension, efficace et porté par de remarquables comédiens, Sterling Hayden en tête.