Dans la Chine de l’empereur Ming, Qinglong est à la tête d’une escouade de tueurs impitoyables au service de l’état. En tant que chef et pour l’aider dans sa tâche, il dispose du coffret des 14 lames, une machinerie contenant différentes épées, poignards de jet et grappins miniatures. Le prince Qing, avide de vengeance depuis une défaite cuisante, fomente un complot avec la complicité d’un conseiller corrompu pour récupérer un sceau impérial. Qinglong s’oppose à lui, mais, victime des machinations du prince Qing, est poursuivi par ses pairs. Il reçoit l’aide d’un groupe de résistants ainsi que d’un bandit de grand chemin.


Tout d’abord, le titre français est mal choisi. La 14ème lame a un but bien précis dans le film qui ne ressort pas particulièrement dans l’intrigue ; il était maladroit de la mettre ainsi en avant. Le titre anglais est plus juste (14 lames) alors que le titre chinois provient simplement du nom de l’escouade d’élite (Jin yi wei).


14 blades n’est pas un film d’arts martiaux, mais un western ! En effet, même si les différents pratiquants possèdent un talent certain (dont le grand Donnie Yen), le désert, les caches-poussière, les duels et la dynamite sont autant de référence au genre du western. On trouve même des poursuites à cheval, une attaque de diligence et une attaque de banque ! (ce n’est pas vraiment une banque, mais le principe reste le même).


La narration outrancière n’est pas très réaliste et ce n’est pas grave, aucun western ne l’est. L’humour est présent surtout au début (mention spéciale au combat à coups d’os de poulet) et la fin est dramatique, ce qui est un peu dommage, car le contraste est violent. C’est toutefois une caractéristique de nombreux films chinois.


Niveau acteur, Donnie Yen se régale dans son rôle de cowboy solitaire. Sa perruque se remarque un peu trop, mais est indispensable à son image de pistolero. Il a du mal à faire ressortir les traumatismes de son personnage et c’est sans doute ce qui pèche dans ce film résolument épique. Il y a trop de drame et pas assez d’humour ; l’œuvre aurait gagné à se tourner résolument vers la comédie (comme Mon nom est personne, par exemple). Zhao Wei excelle dans les rôles d’amoureuse transie. Ici, elle joue à la perfection cette otage ravie (Ah ! Ah !) par son kidnappeur ; c’est un régal. Wu Ma, dont c’était l’un des derniers films, est touchant de sagesse et de pacifisme. Il avait incarné le chevalier du bien dans Histoire de fantômes chinois, 25 ans auparavant. Sammo Hung fait une apparition plus que discrète et dépourvue de toute performance martiale ; tout au plus nous offre-t-il son air de méchant. Il est dommage de n’avoir que si peu utilisé un acteur aussi charismatique et aussi compétent. Le reste du casting s’en sort très honorablement, avec des performances martiales franchement esthétiques. C’est une réussite.


14 blades est une curiosité. C’est un western à l’épée, baroque, avec des éléments ajoutés à l’inspiration (des mousquets que quand c’est intéressant et même des flèches à la Rambo) avec un soupçon de fantastique (Tuo Tuo est une illusionniste) et de steampunk (le coffret à malice de Qinglong). Mais, loin d’être un fourre-tout hétéroclite, l’ensemble forme un tout cohérent et prenant. Le scénario est, certes, un poil compliqué alors qu’il s’agit d’une simple course-poursuite, mais on n’est pas obligé de tout comprendre pour suivre le film. Seule la fin est, à mon avis, trop dramatique pour ce film épique. Au final, il est tout de même agréable de se faire surprendre par cette œuvre atypique.

OeilDePatrick
6
Écrit par

Créée

le 7 août 2024

Critique lue 19 fois

OeilDePatrick

Écrit par

Critique lue 19 fois

D'autres avis sur La 14ème Lame

La 14ème Lame
Heurt
3

Complot.

Malgré un Donnie Yen toujours au top dans ses chorégraphies, le réalisateur s’embourbe dans une histoire de complot qui n'a pas le contenu nécessaire, ni de réels objectifs scénaristiques pour ternir...

le 30 janv. 2015

1 j'aime

1

La 14ème Lame
Gildarion
8

I'm a poor lonesome Jinywei...

Assurément un bon film, avec des combats qui, s'ils ne sont pas toujours réalistes, ont au moins le mérite de posséder une esthétique impressionante. On regrettera néanmoins un manque de profonderu...

le 11 août 2012

1 j'aime

La 14ème Lame
IllitchD
5

L'Assassin

14 Blades / Jin Yi Wei (2010) de Daniel Lee nous plonge sous le règne de la dynastie Ming. On y suit Quin Long, un membre d'une organisation d'assassins appelé Jin Yi Wei. Celui-ci travaille pour le...

le 23 mai 2012

1 j'aime

Du même critique

Hammer and Bolter
OeilDePatrick
6

The emperor protects !

Ah, Warhammer 40 000 ! ! ! Chaque épisode est un one shot sur une faction du monde, et il y en a ! Si les dessins sont passables et l’animation est franchement moche, les scénarios sont savoureux. On...

le 4 févr. 2023

2 j'aime

Ghost in the Shell
OeilDePatrick
10

Chef-d'œuvre

Dans un monde cyberpunk, deux officiers de la section 9 enquêtent sur un pirate informatique. Entièrement cybernétisés, les policiers appartiennent corps et âmes au gouvernement, ce qui fait douter...

le 1 nov. 2022

2 j'aime

Errementari
OeilDePatrick
7

Arte handia

Au milieu du XIXème siècle en plein Pays basque, un fonctionnaire arrive dans un petit village pour enquêter sur un trésor disparu pendant la guerre. Le suspect est un forgeron à la réputation...

le 29 nov. 2024

1 j'aime