" J'ai toujours voulu être un criminel. "
Premier film du cinéaste Terrence Malick, "La Balade Sauvage" et non "ballade" comme on peut le voir écrit sur la jaquette française du DVD, est un road-movie un peu particulier. Il narre l'histoire de deux amants, lui est un voyou un peu simplet, et elle, est une jeune fille naïve. Tous deux vont partir sur la route, laissant de nombreux cadavres derrière eux.
Il s'agit-là du film le plus abordable de Terrence Malick, son oeuvre la plus axée vers un public large. Cependant on retrouve déjà ce qui va devenir la constante de son cinéma: le visuel.
Les grandes étendues Américaines ont été maintes fois filmées au cinéma, pourtant avec "La Balade Sauvage" Malick lui confère une aura surnaturelle et encore plus vaste, la dépeignant comme un personnage qui serait le témoin des actes de ce couple. La photographie est parfaite et la mise en scène, bien qu'elle soit plus classique que dans les futurs films du réalisateur, filme les corps, les visages, les détails d'un monde vivant dans lequel évoluent les deux personnages, avec un onirisme divin. Le côté maniaque de l'image, se fait déjà sentir alors que nous ne sommes ici qu'aux prémices d'une filmographie particulière. Vient s'ajouter à cela, une playlist de musiques envoûtantes, maîtresses du temps qui s'écoule dans cette histoire, rapprochant un peu plus à chaque instants les deux protagonistes de leur destin.
S'inspirant d'un fait réel tout en lui offrant une vision personnelle, Malick raconte donc cette histoire sans jamais porter de jugement sur ces deux personnages. Un peu comme si la caméra, à l'instar de l'environnement du film, était un témoin de cette histoire. Le personnage d'Holly assure la narration de cette chronique comme s'il s'agissait d'une histoire banale, cela vient ajouter à la froideur des personnages et des crimes qu'ils engendrent spontanément. De leur amour parfois imperceptible ne naîtra qu'une chose: la mort.
Pourtant malgré le pessimisme que pourrait inspirer cette histoire, le parti prit du réalisateur est de la mettre en scène de la façon la plus légère qui soit. Il ne s'agit véritablement pas d'un film lourd qui traite de deux amants habités par la folie de leur propre condition. Non il est question de mettre en scène deux marginaux qui agissent uniquement selon leur conscience, totalement en décalage avec la société dans laquelle ils évoluent.
C'est à Martin Sheen et Sissy Spacek que revient la charge d'interpréter cette histoire. Lui, fait penser obligatoirement à James Dean, gueule de bad-boy très classe et délicieusement dangereux. Elle, est une adolescente qui contemple les actes de celui qu'elle aime, sans vraiment saisir toute la gravité de cette situation. Les deux acteurs sont très justes, magnifiés par la caméra de Terrence Malick, qui leur offre d'ailleurs deux rôles qui feront office de tremplins dans leurs carrières respectives.
Indéniablement l'oeuvre la plus accessible de Malick, mais en tout cas celle qui m'a le moins touchée. Néanmoins on reconnaît déjà la patte si particulière du réalisateur, qui nous offre ici un premier long-métrage tout à fait convaincant dans légèreté et son onirisme.