Premier film de Terrence Malick et film emblématique du Nouvel Hollywood.
Même si assez différents des autres œuvres du monsieur, Badlands impressionne par la justesse de sa réalisation, son montage, sa violence plutôt choquante pour l'époque et pour son ambiance onirique hypnotisante (une marque de fabrique du monsieur).
Le film est une biographie camouflée de la "balade sauvage" de Charles Starkweather et Caril Ann Fugate qui a laissé 11 cadavres et qui a choqué toute l'amerique dans les années 50.
Là ou le film innove par rapport aux autres films de son époque qui traitent de sujets similaires (et qui fait qu'il n'a rien perdu de sa force de frappe aujourd'hui), c'est qu'il ne porte jamais aucun jugement sur les 2 protagonistes alors que leurs actes sont toujours gratuits et donc forcément condamnables.
Malick se sert de cette histoire sordide pour brosser un portrait de la jeunesse middle-class américaine à l'abandon qui souhaitent vivre le rêve américain à la James Dean alors qu'ils devront rester dans leur trou paumé toute leur vie à effectuer un travail ingrat (le personnage de Martin Sheen est éboueur dans le film). Vivre d'amour et d'eau fraîche et faire couler le sang est leur seule échappatoire.
On sent une réelle passion chez Malick pour ces 2 écorchés vifs (enfin surtout Martin Sheen), qui sont au final peut-être autant à plaindre qu'à condamner. Et dans une époque où tous les films américains étaient plus ou moins à sens unique, pour pas dire affreusement manichéens, Badlands représentait un bol d'air frais inattendu.