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L’arrivée de Malick dans le paysage cinématographique via ce Badlands est assez surprenante. La balade du titre français est bien présente, et le sauvage également, mais pas tel que je l’attendais. C’est l’histoire de deux inadaptés qui fuient une société qui ne veut pas d’eux et dont ils ne veulent pas. Une histoire qui laisse présager d’une traversée bucolique du Midwest, sous la caméra déjà axée sur l’impassibilité d’une nature qui englobe tout, les personnages et leur histoire, d’un cinéaste qui en fera sa marque.


Mais rapidement, c’est Bonnie & Clyde qui s’impose. Le sauvage est sauvagerie. Mais sans passion. Comme si l'insouciance du jeune couple n’était pas seulement du à leur manque de vécu, à la déresponsabilisation indue par leur puérilité, mais à la notion que la langue anglaise traduit par “ennui” et que les français appellent ironiquement le spleen. On tue pour voir, pour susciter une réaction émotionnelle, mais ça ne prend jamais. Alors la relation fonctionne par la curiosité et l’instinct de survie.


La cavalcade est douce, et on s’inflige des obstacles pour pallier cette morosité. On construit une cabane dans les arbres pour concrétiser une enfance fantasmée par Holly, qui n’a pas eu le temps de grandir. Quant à Kit, qui semblait être un bon à rien, mais qui révélait initialement un esprit rêveur, est finalement un bon à rien. Dans le sens littéral du terme. Il ne parvient pas à trouver sa voie, et choisit donc de tailler la sienne au détriment de ceux qu’il croise. Du rien, il crée une mystique, en posant là une stèle pour marquer son passage, et procédant ici à une distribution de sa camelote comme autant de saintes reliques.


Et Malick, dans tout ça, se détache autant que la voix-off de Holly du bad qui survient dans les lands. Les herbes poussent, la musique berce dans un décalage tonal, et le sang génère des rus dans ces vives plaines. L’histoire d’un auteur qui va à l’encontre de ses congénères, en faisant road-movie de bandits une errance mélancolique dans un monde qui laisse faire.



Créée

le 15 oct. 2024

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Frakkazak

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