Support: Bluray


L’arrivée de Malick dans le paysage cinématographique via ce Badlands est assez surprenante. La balade du titre français est bien présente, et le sauvage également, mais pas tel que je l’attendais. C’est l’histoire de deux inadaptés qui fuient une société qui ne veut pas d’eux et dont ils ne veulent pas. Une histoire qui laisse présager d’une traversée bucolique du Midwest, sous la caméra déjà axée sur l’impassibilité d’une nature qui englobe tout, les personnages et leur histoire, d’un cinéaste qui en fera sa marque.


Mais rapidement, c’est Bonnie & Clyde qui s’impose. Le sauvage est sauvagerie. Mais sans passion. Comme si l'insouciance du jeune couple n’était pas seulement du à leur manque de vécu, à la déresponsabilisation indue par leur puérilité, mais à la notion que la langue anglaise traduit par “ennui” et que les français appellent ironiquement le spleen. On tue pour voir, pour susciter une réaction émotionnelle, mais ça ne prend jamais. Alors la relation fonctionne par la curiosité et l’instinct de survie.


La cavalcade est douce, et on s’inflige des obstacles pour pallier cette morosité. On construit une cabane dans les arbres pour concrétiser une enfance fantasmée par Holly, qui n’a pas eu le temps de grandir. Quant à Kit, qui semblait être un bon à rien, mais qui révélait initialement un esprit rêveur, est finalement un bon à rien. Dans le sens littéral du terme. Il ne parvient pas à trouver sa voie, et choisit donc de tailler la sienne au détriment de ceux qu’il croise. Du rien, il crée une mystique, en posant là une stèle pour marquer son passage, et procédant ici à une distribution de sa camelote comme autant de saintes reliques.


Et Malick, dans tout ça, se détache autant que la voix-off de Holly du bad qui survient dans les lands. Les herbes poussent, la musique berce dans un décalage tonal, et le sang génère des rus dans ces vives plaines. L’histoire d’un auteur qui va à l’encontre de ses congénères, en faisant road-movie de bandits une errance mélancolique dans un monde qui laisse faire.



Créée

il y a 4 jours

Critique lue 2 fois

Frakkazak

Écrit par

Critique lue 2 fois

D'autres avis sur La Balade sauvage

La Balade sauvage
Velvetman
8

Le nouveau monde

Le vide magnifique des grandes plaines américaines est devenu le refuge de deux amoureux dont rien ne peut séparer, symboles d'une jeunesse un peu perdue mais qui veut perdurer. Les champs de blés,...

le 27 févr. 2015

73 j'aime

8

La Balade sauvage
Sergent_Pepper
9

West wide story

La fuite des amants criminels est un motif qui, depuis l’âge d’or du film noir, est devenu un genre en soi. A la fin des sixties, sous l’impulsion de Penn et de son séminal Bonnie & Clyde, qui...

le 2 oct. 2018

65 j'aime

12

La Balade sauvage
Kalian
5

Critique de La Balade sauvage par Kalian

Il serait vain de nier la réussite formelle que représente ce film. Une photographie magnifique, une musique extraordinaire, des paysages somptueux, une réalisation bien classe, une interprétation...

le 31 oct. 2010

52 j'aime

7

Du même critique

Assassin's Creed: Mirage
Frakkazak
4

Mi-rage, mi-désespoir, pleine vieillesse et ennui

Alors qu’à chaque nouvelle itération de la formule qui trône comme l’une des plus rentables pour la firme française depuis déjà quinze ans (c’est même rappelé en lançant le jeu, Ubisoft se la jouant...

le 10 oct. 2023

19 j'aime

Spiritfarer
Frakkazak
8

Vague à l'âme

Il est de ces jeux qui vous prennent par la main et vous bercent. Des jeux qui vous entraînent dans un univers capitonné, où de belles couleurs chaudes vous apaisent. Spiritfarer en est. Le troisième...

le 9 sept. 2020

13 j'aime

2

Returnal
Frakkazak
9

Gen of Tomorrow

Cinquante heures pour le platiner, et c'est d'ailleurs bien la première fois que j'arrive à aller aussi loin dans un roguelite. Non pas qu'il soit facile, il est même étonnamment ardu pour un triple...

le 30 juin 2021

11 j'aime

6