Trois Césars remportés sur sept nominations, dont celui très prestigieux du Meilleur film ? Eh ben, que demander de plus ? Une telle liste de récompenses (nominées ou bien obtenues) suffit amplement pour mettre ce film en haut de la liste des longs-métrages à ne pas louper (et ce même si beaucoup seront réticents à se replonger dans l’univers cinéma des années 80). Un film français devenu culte qui, lui aussi, aura sans doute droit à un remake dispensable (projet qui serait mené par Florent Emilio-Siri, le réalisateur de Nid de Guêpes, pour 2014).

Au premier abord, le scénario de La Balance n’a rien de bien exceptionnel. Soit un inspecteur de police qui tente de faire tomber un caïd par le biais d’informations que doit lui livrer de force son indicateur, sous peine de voir sa vie devenir un enfer. Une histoire mille fois vue dans le domaine du film policier ! Et pourtant, il faut se mettre dans le contexte de l’époque : La Balance a innové dans la manière de montrer le travail de la police et certaines de ses méthodes, en traitant du sujet des méthodes d’infiltration. Une nouveauté certes pour les 80’s, mais qui du coup se révèle être obsolète pour nous. Du coup, nous pouvons se rabattre sur les personnages. Et il est quelque part malheureux de constater que seul le couple vedette du film, Dédé Laffont (la fameuse balance) et la prostituée Nicole Danet, se retrouve travaillé. Notamment par leur histoire d’amour, bouleversé par la pression du flic Palouzi, qui les fait chanter en forçant Dédé à coopérer pour faire chuter le mafieux du moment. Une histoire d’amour qui décidera du destin de ces protagonistes. Mais en ne concentrant sa trame que sur ce couple et les méthodes policières, le film en oublie le reste des personnages, notamment ce cher Palouzi ! Heureusement, l’ensemble peut compter sur quelques moments plutôt poignants et des répliques cinglantes bienvenues pour être véritablement divertissant !

Divertissant ? La Balance l’est énormément ! Bien que le film ne soit pas du tout orienté action, le résultat se révèle pourtant à la hauteur d’un divertissement de très bonne facture ! Avec sa mise en scène travaillée, permettant de mettre en place un agréable suspense. Ainsi que du punch lors d’une séquence de fusillade violente et haletante ! Le tout avec un montage irréprochable et une BO soignée. Qui permettent également de rendre crédible toute cette affaire d’infiltration, au beau milieu de Belleville !

Mais là où se démarque essentiellement La Balance, c’est bien du côté de sa distribution. Pour vous le prouver, quatre Césars sur les sept nominations concernent des comédiens du film : Philippe Léotard (récompensé), Nathalie Baye (récompensée également), Jean-Paul Comart et Tchéky Karyo (tous deux nominés au César du meilleur espoir masculin). Cela vous suffit-il ? Si vous voulez un peu plus d’explications, je peux seulement dire que ces Césars (obtenus ou nominés) sont amplement mérités ! Sans doute Richard Berry, oublié sur le coup alors que son jeu d’acteur se montre pourtant à la hauteur de ses partenaires. À la hauteur d’une radieuse et élégante Nathalie Baye (malgré son rôle de prostituée). À la hauteur d’un Philippe Léotard naturel au possible, même lors des séquences où il s’en prend plein la tronche. À la hauteur d’un Tchéky Karyo incroyablement glacial, imprévisible et flippant. Sans oublier les autres seconds rôles mémorables, comme Maurice Ronet en parrain Massina ou encore l’apparition remarquée d’un certain Florent Pagny (que beaucoup auront du mal à reconnaître avec son look « normal »).

Il faut bien l’admettre : dans son intérêt scénaristique, La Balance est un film qui a pris un sacré coup de vieux (vu que maintenant, le monde de la police nous est constamment dévoilé dans d’innombrables séries télévisées, qu’elles soient françaises ou bien américaines). Mais cela ne l’empêche pas de garder son statut de film culte tant mérité, surtout grâce à un casting cinq étoiles qui ne dément aucunement la longue liste des Césars du film. Une chose est sûre : La Balance reste un long-métrage qu’il est quasiment impossible de remplacer par une version moderne (remake). Florent Emilio-Siri a donc fort à faire pour imposer son nouveau film (même chose pour Benoît Magimel, dont le rôle reste encore inconnu, à supposer qu’il fasse toujours partie du projet).

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