Tran Anh Hung, le réalisateur de ce film, a signé dans les années 90 trois longs métrages d'une beauté époustouflante. "A la verticale de l'été", le dernier en date, est selon moi le plus réussi. Un éloge subtil et délicat du Vietnam.
Haruki Murakami, l'auteur du roman dont est issu ce film, est quant à lui l'un des plus célèbres écrivains japonais vivant. Régulièrement, lorsque la saison des Nobels revient, son nom se forme sur toutes les lèvres (en vain pour l'instant).
Alors ? Avec une plume et un œil de cette qualité réunis, le résultat devrait être bouleversant... Hélas ! La plume a dû crever l'œil, ou peut s'en faut. Transposée sur grand écran, l'histoire de Murakami perd toute sa finesse et ses pointes d'humour pour sombrer dans le morbide.
La caméra de Tran Anh Hung sait toujours nous offrir de sublimes images, mais parfois, on frôle la publicité pour parfum : esthétiquement splendide tout en étant d'une vacuité navrante. Vous savez, ces pubs qui semblent nous dire que les idées métaphysiques qu'elles manient sont révolutionnaires, mais que nous n'avons pas le niveau pour les comprendre.
Ce n'est pourtant pas un mauvais film, il ne faut pas exagérer. Les acteurs sont bons, beaux (Tran Anh Hung doit avoir une fascination pour les lèvres : tous ses comédiens les ont charnues, bien ourlées et dessinées, et il ne se prive pas pour en faire des gros plans), et la dernière séquence suscite une vraie émotion. J'attendais plus, d'où ma déception. Surtout après trois beaux films suivis de dix ans de silence !