De la guerre mais surtout de la beauté
Il semblerait que le cinéma soviétique regorge en son sein bien des merveilles ...
Après avoir adoré le très beau 'Quand passent les cigognes', je suis à nouveau toute chamboulée par 'La ballade du soldat'
Dans ce chef d'oeuvre de Grigori Tchouhkraï, nous suivons le jeune soldat soviétique Alexei Nikolaevich Skvortsov, seulement âgé de 19 ans. 19 petites années, et déjà à la guerre...
C'est parce qu'il a détruit deux chars de guerre qu' Aliocha se voit offrir une permission exceptionnelle : 6 jours de permission incluant les voyages
Ainsi, ce film n'accorde que peu de temps à nous montrer la guerre en tant que telle ( 10 minutes tout au plus au début du film) et pourtant, elle est partout présente et c'est ce que constatera tristement notre jeune soldat en effectuant son voyage sur le chemin de fer pour retrouver sa mère durant les quelques jours qui lui sont accordés
Ce voyage sera l'occasion pour lui de mesurer l’ampleur des misères qu’entraîne la guerre : ici et là des endroits dévastés sous le coup des bombes, des femmes seules qui se tuent aux champs... pendant que eux, les hommes, se tuent à la guerre ...
Mais des êtres rencontrés au hasard du voyage vont venir éclairer sa route. Ou plutôt, c'est lui, Aliocha, qui va leur redonner l'espoir...
Il y a tout d'abord cet autre soldat qui lui fait promettre de donner cette lettre à sa femme ainsi que ce savon, luxe ultime en des temps difficiles...
Vient ensuite ce blessé de guerre, qui n'a pas le courage de rentrer chez lui, abîmé qu'il est par les combats
Puis il y a la rencontre, la vraie : celle qui fait tout oublier, celle qui vous fait aimer !
C'est la belle Choura à la longue tresse, jeune fille qui fera chavirer le cœur pur de notre héros de guerre : la rencontre de ces deux personnages offre une des plus belles démonstrations de flirt chaste au cinéma, fait de regards, de mots passés sous silence, de baisers jamais échangés...
Mais heureusement qu'il y a cette scène, celle qui encadre leur deux visages d'enfant, avec les cheveux de Choura volant...
Tant de vie concentrée dans ces six jours de liberté !
Tant de bonté et de bienveillance à en faire oublier les atrocités !
Alors bien sûr, en bon film soviétique qui se respecte, la 'propagande' n'est jamais bien loin et c'est ainsi que nous assistons à une glorification d'un jeune soldat dévoué à sa patrie, aux valeurs de la famille portées bien haut, à la célébration de l'amitié et de la fraternité...
Mais qu'importe ?
Comment parvient-on à réaliser un film d'une telle beauté quand la guerre en est le sujet ?
Pour comprendre, il faut regarder La ballade du soldat ...