Une nuit de février 1959, pris dans une tempête de neige en survolant l'Iowa, un petit avion américain s'écrase. 4 morts à la rubrique faits-divers des journaux... Et naissance d'une triple légende pour celle liée à la vague musicale alors en train de déferler : le rock and roll.
S'est surtout perpétué le mythe Buddy Holly, disparaissant ainsi en pleine gloire à 21 ans seulement. Quelques puristes doivent évoquer cette autre célébrité qu'était, à 27 ans (ah ! Cette fatalité mortifère !), The Big Bopper. Mais avec ce film, c'est le plus jeune et le plus oublié des 3 chanteurs qui a été réhabilité sous le signe de la commerciale nostalgie des années 60. Richard Stephen Valensuela, dit Ritchie Valens, a juste eu le temps d'enregistrer quelques tubes avant de disparaître à l'orée de ses 18 ans et, sans doute, d'une grande carrière.
Une absence de carrière qui a obligé le réalisateur, lui-même en quête de célébrité, à se cantonner dans une biographie filmée où les scènes de concert sont plutôt épisodiques. Heureusement que la bande son, interprétée par le groupe "Los Lobos", multiplie de bons vieux rocks au fil de l'ascension de la jeune idole. Pour le spectateur, cele se traduit par une plongée dans l'univers des Chicanos (Américains d'origine mexicaine).
La personnalité de l'adolescent de 16 ans, portant en toutes circonstances à l'épaule sa guitare complice, apparaît très enjolivée par contraste avec un contexte familial difficile. Une mère fanée, solitaire et démunie, qu'il aura juste le temps d'arracher à sa caravane ghetto. Un demi-frère qui n'en finit pas de gâcher sa vie. Et lui qui oublie pauvreté et marginalité raciale en rêvant de jouer sa musique et de conquérir le coeur de Donna, prénom dont il fera l'un de ses succès.
Puisqu'il doit manifestement fonctionner à la manière d'un roman-photo, avec ce que cela implique de sensiblerie voire de miévrerie, le film montre ce rêve a priori impossible en train de se réaliser. Débuts dans un orchestre de bar, rencontre décisive avec le responsable d'une maison de disques, premiers enregistrements et passage dans une émission télévisée : en quelques semaines, "Une étoile est née". Et, trop vite, morte-née !
Cela s'est confirmé au fil des décennies : c'est avec la version rock de "La Bamba", célèbre air du folklore mexicain, que Ritchie Valens figure dans le petit groupe des vrais pionniers brièvement ressuscités, Buddy Holly et Eddie Cochran en tête.
Les teenagers attardés et les adolescents d'alors ont largement assuré le succès du film. Qui avait aussi comme originalité, en des temps de xénophobie galopante (l'Histoire est hélas un éternel - et très désespérant - recommencement !), d'avoir des héros à la peau franchement basanée !
Et coup de chapeau - de sombrero, plutôt ! - aux producteurs de "La Bamba", film musical dont le lancement a été très bien orchestré !
Lou Diamond Phillips fait bonne mesure !
Quant à Luis Valdez, il a sombré. Rot !