S’ouvrant sur la chanson It’s only a Paper Moon, La Barbe à Papa débute avec une scène d’enterrement remarquable et donnant tout de suite le ton du film, où l’on va suivre un petit escroc qui va se retrouver, par un concours de circonstance, sur les routes avec une jeune fille.
Peter Bogdanovich fait preuve d’une maîtrise incroyable dans cette adaptation du roman de Joe David Brown où, partant d’un scénario assez simple, il en fait ressortir une dimension mélancolique où il oscille entre tendresse, humour, légèreté et émotion, sans jamais tomber dans la mièvrerie ou le misérabilisme. La force de Paper Moon est là, dans cette façon d'être touchant sans jamais être dans l'excès ou autre, mais tout le temps dans la beauté, la poésie et la maîtrise, tant formelle que scénaristique.
Sublimant une écriture de qualité, notamment au niveau des personnages, il rend son duo fortement attachant. D'abord par cette gamine, en premier lieu très silencieuse et, à l’image de la géniale scène du hot dog, qui ne va jamais se laisser faire par celui qu'elle croit être son père et va se montrer à la fois maligne, boudeuse ou encore marrante, puis par cet escroc plutôt volatile et qui va peu à peu s’attacher à elle. Il axe son film sur cette relation « père/fille » même si, tout en subtilité, Bogdanovich évoque aussi la crise économique de 1929, donnant à son oeuvre un cadre fort et passionnant.
Alors que la photographie en noir et blanc est magnifique et adéquate à la réalisation de Bogdanovich, il montre un vrai savoir-faire pour jouer avec les contrastes tout en sublimant les longues plaines du Kansas. La caméra est toujours fluide et les cadrages bien choisis, donnant de nombreuses séquences remarquables. Ryan O’Neal est parfait et rentre à merveille dans la peau de son personnage qu'il arrive à rendre sympathique, mais la vraie star du film c’est la jeune Tatum O’Neal, la fille de Ryan, elle est d’un naturel bluffant et donne à son personnage une tendresse particulière.
Peter Bogdanovich propose avec La Barbe à Papa un remarquable road-movie, très attachant, mélancolique et chargé d'émotion, avec un cadre passionnant et de brillants comédiens, Ryan et Tatum O’Neal en tête.
Encore merci à Cultural Mind pour la découverte.