La Bataille de l'or n'est clairement pas un incontournable de la filmographie de Michael Curtiz, mais c'est un western loin d'être dénué d'intérêt. Sorti en 1938, tourné en TechniColor, il appartient au sous-genre « conflit d'intérêts entre deux activités économiques » (grands propriétaires terriens / petits fermiers, éleveurs de bovins / éleveurs de moutons, train / diligence, etc.), et se démarque des autres en mettant en scène un épisode méconnu de la conquête de l'Ouest : l'opposition entre fermiers et mineurs dans la vallée de Sacramento, dans les années 1880.
Voilà le contexte : après la brève ruée vers l'or de 1849, la Californie devient une terre de cultures. Pendant quelques décennies, les colons y font pousser leurs céréales en toute tranquillité, la vallée centrale de l'état est même le grenier à blé de l'Amérique. Mais en 1877, de l'or est à nouveau détecté dans les hauteurs du fleuve Sacramento : les mineurs reviennent, équipés d'outils modernes. À l'aide d'énormes canons à eau, ils érodent les flancs de la montagne pour récupérer le précieux métal. Les sédiments et débris rocheux, évacués par les torrents, finissent leur course dans la vallée, provoquant des inondations de boue qui détruisent les cultures. Entre les fermiers et les mineurs, le combat s'engage, dans les tribunaux et sur le terrain...
Spécialiste du cinéma à grand spectacle, Curtiz fait parfaitement le boulot ici en offrant une superbe reconstitution technico-historique (les canons à eau, la mine, le barrage, les moissonneuses-batteuses dans les champs...) couronnée par la grandiose scène finale d'inondation. C'est d'ailleurs le principal intérêt du film, car pour le reste, à part le côté écolo avant l'heure, c'est cousu de fil blanc : au milieu des gentils fermiers et méchants mineurs qui s'opposent, un honnête ingénieur des mines, Whitney, se lie d'amitié avec Lance, le fils du grand propriétaire terrien du coin, le colonel Ferris, puis s'éprend de sa ravissante fille Serena. Lorsque sa loyauté d'employé de la compagnie minière se heurte à ses convictions et sentiments personnels, il n'hésite pas à changer de camp...
Bref, du très classique, avec un casting masculin - George Brent, Claude Rains, Tim Holt - pas franchement exceptionnel. Heureusement qu'il y a Olivia de Havilland, toute jeune et absolument charmante, obnubilée par les arbres fruitiers qu'elle fait pousser dans la vallée, une « fantaisie » en laquelle personne ne croit et qui, évidemment, emportera le fin de mot de l'histoire.