Je ne me serais peut-être pas attardé devant La bataille de Solférino, premier film de Justine Triet, sans l'intérêt que porte ma bien-aimée à Vincent Macaigne, comédien encore méconnu du grand public mais qui bouffe ici la pellicule à chacune de ses apparitions. Et j'aurais eu tort.


Récompensé dans de nombreux festivals, et nommé au César du meilleur premier film en 2014, La bataille de Solférino illustre la lutte acharnée entre une mère et son ex-compagnon pour la garde de leurs deux filles en bas âge. Elle, journaliste pour une chaîne de télévision connue mais névrosée et irresponsable, lui, dessinateur paumé et limite instable, potentiellement violent, mais pétri de toutes les bonnes intentions du monde et faisant preuve d'un amour incommensurable envers ses filles.


Des personnages bourrés de défauts et de paradoxes, mais du même coup incroyablement humains et croqués avec justesse, même s'il faut bien avouer que l'héroïne est difficilement supportable. Autour d'eux, gravitent des seconds rôles fort sympathiques, entre le babysitter bonne poire complètement perdu dans le bazar ambiant, le pote avocat nous balançant son plaidoyer aux moments les moins opportuns, ou encore le petit ami philosophe un peu niaiseux.


Des protagonistes incarnés par des comédiens criants de naturel, dont on retiendra surtout la présence imposante de Vincent Macaigne, tout à la fois effrayant, drôle, touchant, constamment sur le fil. Une véritable révélation pour ma part, qui je l'espère connaitra une carrière à la hauteur de son talent.


Un conflit intimiste et tendu, que la cinéaste met judicieusement en parallèle avec la campagne présidentielle de 2012, son film se déroulant le jour de la victoire du Parti Socialiste. Un contexte politique et social qui permet une immersion efficace, nous plongeant au coeur même de la foule, apportant une véritable urgence à l'ensemble, même si le regard de Triet posé sur ses concitoyens engagés peut paraître flou.


Dommage dès lors que le naturalisme voulu par Justine Triet fonctionne beaucoup moins bien dans les séquences tournées en intérieur, paraissant comme forcé et finalement peu naturel. Souffrant également de quelques longueurs, La bataille de Solférino reste un premier film prometteur, parlant d'un sujet extrêmement complexe et difficile avec humanité et humour, porté par un comédien d'exception.

Gand-Alf
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le 13 avr. 2015

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Gand-Alf

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