Le vieux professeur Faust (Michel Simon), scientifique éminent et émérite de son pays, est au crépuscule de sa vie, au seuil de la mort. Sa vie il l'a dévouée à la science faisant fi du reste. Plein de regrets, il est une proie parfaite pour le Malin qui dépêche sur Terre son messager Méphistophélès (Gérard Philipe) pour s'enquérir de son âme. Peu enclin à la lui céder, il se verra rajeunir au dépens du prince de l'enfer (d'où inversion des rôles, Simon prenant celui de Philipe et vice-versa) en gage de sa bonne foi. Il s'agit surtout de le soumettre à la tentation.
Faust découvre alors les plaisirs de la jeunesse : il monte les marches par trois, s’enivre (porte un toast au diable), fait du gringue à une jeune femme de la balle et part avec elle et sa troupe sur les routes.
Mais l'enfer, qui n'aime pas laisser ses investissement dans la nature, veille et le ramène fissa en ville où Méphisto se démène pour lui faire signer de son sang le pacte qui fera de son âme celle du diable. En échange de quoi il sera, de son vivant, son fidèle serviteur. L'accord signé, après maints stratagèmes "de bonne guerre", Faust, devenu l'homme le plus puissant du pays, découvre le revers de la médaille quand il entrevoit son futur. Commence alors une tentative de rédemption du damné qui appellera finalement un miracle.
Il s'agit donc d'une relecture tout ce qu'il y a de plus conventionnelle du conte de Goethe. A ce titre, bien qu'il soit intelligent, voire brillant par moments, le film manque de souffle, d'enjeu, de vision. Il aurait fallu que Clair en fasse une parabole, qu'il est quelque chose à dire. Ce défaut limite forcément l'intérêt du film qui restera donc un simple, mais honnête, exercice de style.
Ceci dit, le jeu toujours impeccable de Gérard Philipe et surtout la gouaille de Michel Simon valent le visionnage.