La légende de Faust est une histoire fascinante. En effet, qui n'a jamais rêvé de finir sa vie avec une gypsie girl?
Ce qui m'a plu dans le scénario, ce sont des scènes qui tiennent toute seule. Je pense notamment aux séquences de rêves ou de visions prémonitoires. C'est assez bien écrit et trippant.
Par contre, je suis assez déçu des problèmes de dramaturgie : le héros ne parvient jamais à franchir un obstacle lui même, sa chute et sa victoire finale dépendent uniquement de la compétence et surtout de l'incompétence de Mephisto, ce qui décrédibilise son personnage d'abord, l'histoire ensuite. Les scénaristes cèdent également à la facilité pour boucler le film de façon positive, ce qui rend le tout assez absurde. C'est dommage.
La mise en scène m'a surtout plu dans les moments oniriques ; pour le reste, le réalisateur fait son boulot honorablement, mais sans distinction. Quoique la séquence d'apparition de Faust (mais on est déjà un peu dans l'onirisme), il y a des choses intéressantes à voir. Ce que je retiens au final, c'est le montage plutôt efficace qui permet au film de fonctionner. Montage en parallèle, incrustations, montage rapide (je pense à la scène de foule finale) ; tous ces éléments semblent évidents aujourd'hui mais à l'époque c'était autre chose. Maintenant il faut plutôt se dire est ce que ça marche aujourd'hui? Par exemple, La soif du mal a beau être très en avance sur son temps, ça reste maladroit, justement à cause de cette avance qui fait que la technique n'est pas encore au point (le travelling du début impressionne mais bon... ça tremble tout le temps quand même!) ; ici ça passe plutôt bien, le montage est convainquant et il n'y a que la grammaire des plans et l'esthétique qui rappelle qu'il s'agit là d'un vieux film.
D'ailleurs les décors sont assez cools, tout comme les costumes et... les acteurs! Michel Simon est assez incroyable surtout pour passer du rôle de vieillard à celui de démon dans la peau d'un vieux. L'on retiendra également les belles donzelles qui illuminent le film : Simone Valère, mieux en film qu'en photo, blondasse avec une belle poitrine généreuse semble-t-il, qui incarne une fille à papa ; et Nicole Besnard, brunette à la poitrine plus discrète, certes, mais au visage tellement plus doux.
Bref, La beauté du diable est un film intéressant pour son propos et ses scènes oniriques seulement (ce qui est déjà bien), car la narration déçoit par les nombreuses erreurs et autres facilités.