La bella Antonia, prima Monica e poi Dimonia par Alligator
mai 2011:
Comédie paillarde qui n'est pas sans attrait. Mes expériences précédentes sur les films de ce genre avaient été décevantes.
Celle-ci est somme toute agréable. Même si un rythme un peu plus soutenu n'aurait pas été de refus, elle se tient relativement bien. Du reste, elle bénéficie de moyens, manifestement assez importants. Cela se voit au soin pris sur les décors et les costumes.
Je ne sais pas où cela a été tourné mais les rues et places de ce bourg médiéval sont très bien filmées, utilisées à bon escient. En règle générale, Mariano Laurenti trouve de jolis cadrages. Les espaces en extérieur comme en intérieur sont bien captés, "apprivoisés", ai-je envie de dire. Il sait manier sa caméra. A moins que cela soit l'œuvre du chef-opérateur Tino Santoni (directeur de la photo sur "La fille à la valise" ou "Été violent" de Zurlini). Quoiqu'il en soit, c'est bien foutu. Heureuse surprise.
Dès le départ, et ce jusqu'à la fin, le film ressemble par bien des aspects aux westerns spaghetti. Des zooms appuyés, de gros plans de visages, une musique avec des percussions et des bois guillerets, une sorte d'outrance réaliste, une crudité dont les dialogues souvent savoureux sont les plus belles illustrations et surtout ce personnage solitaire, pas manchot, ce peintre qui joue plus de sa séduction que son pinceau (encore qu'il faudrait savoir duquel on parle), qui, par son passage dans le village, tourneboule tout le monde et règle les conflits de la communauté. Ces caractéristiques empruntées n'empêchent en rien le film de tracer sa propre route.
D'ailleurs on pourrait tout aussi bien, sinon plus, le rapprocher des "Contes de Canterbury", ces histoires d'adultère, de religieuses à la sexualité difficilement bridée, d'impertinents laquais et de baisouilles champêtres. Il se dégage du film une gaité, un humour pas toujours très frais mais plein et simple à la fois, proche de la farce mais pas trop chargé par la caricature, quoiqu'il en soit tout à fait propre à l'époque décrite, mille couleurs et une farandole de jolies donzelles aux formes aussi variées qu'appétissantes. Rabelaisien.
Parlons-en de cette avenante distribution : bien entendu, la jeune et déjà charnue Edwige Fenech fait une chaude impression mais je suis également impressionné par l'éclat du sourire de Malisa Longo, en aubergiste accueillante et naïve. Lucretia Love en aristocrate racée fait étalage d'une classe beaucoup plus stylée mais tout aussi attirante.
Les hommes ne sont pas gâtés. Les bobines et coiffures laissent planer aucune doute sur l'époque du tournage, cheveux longs et bacchantes seventies obligent! Sur le plan du jeu, tout ce petit monde s'en tire pas mal. On fait un boulot sérieux. Il est évident qu'on a affaire à une production un tant soit peu ambitieuse, pas vraiment au nanar mercantile. C'est heureux.