C'est du cinéma d'exploitation assez luxueux, puisqu'il y a Jacques Besnard aux commandes, un gars issu de la maison plutôt friquée et mondaine d'André Hunebelle. C'est donc un scénario d'André Clair (le footballeur ?) et Robert Thomas (auteur de "mon curé chez les nudistes") adapté et dialogué par Jean Halain, le fils d'Hunebelle. Une comédie de gangsters basique surfant sur la vague Lautner-Audiard.
Parce que oui, contrairement à beaucoup de comédies de l'époque, il y a un scénario, c'est très écrit. L'ennui c'est surtout que la mise en scène de Besnard est terriblement académique. Il est assez avare en gags visuels. Le film semble surtout compter sur les dialogues de Jean Halain pour faire rire, le problème c'est que c'est principalement du sous-Audiard.
Il y a un nombre assez important de sentences plus ou moins bien senties qui se veulent percutantes et drôles: "à force de rien regretter on a plus que des regrets", "l'innocence c'est la sécurité", "quand on travail avec des salauds il y a au moins un avantage: on ne peut pas commettre d'erreur judiciaire", "la bêtise des autres n'intrigue jamais les imbéciles. Ca vous intrigue?". Il y a même un dialogue qui m'a fait penser à Pagnol:
"- Plus les gangsters s'entretuent, moins il y a de gangster, c'est mathématique!
- Et les balles perdues, c'est de l'arithmétique ?"
C'est bien gentil tout ça, mais comme c'est filmé platement l'impact comique ne fonctionne que trop rarement. J'ai quand même ri au gag ultra simpliste du cadavre sur le monte plat, mais bon je suis bon public. Il y a aussi Gérard Calvi à la musique qui essai d'apporter une ambiance "branquignole", mais la mise en scène manque beaucoup trop de folie pour que ça fonctionne. En fait c'est un film de vieux, où on retrouve ce côté "vieille France" hérité d'Hunebelle, mais qui se couple avec l'état d'esprit des années 70 de façon hyper indigeste. La scène d'engueulade avec la proxénète est typique de la vulgarité des vieux cons qui essaient de se rajeunir.
Finalement on se rattrape sur la distribution: Michel Serrault et Rosy Varte, le couple vedette, font le boulot avec une bonne humeur assez plaisante, même si on les a vu plus drôles ailleurs. Ce sont les braves gens qui se retrouvent au milieu d'une situation qu'ils n'ont pas cherchée, scénario typique du genre. Il y a les frères Préboist, Paul et Jacques, qui amènent sans doute les moments les plus drôles du film, Daniel Prévost dans un rôle de muet (drôle d'idée mais il s'en sort plutôt bien) et Michel Galabru, qui campe un ersatz de son rôle de l'adjudant Gerber et nous fait son numéro génial qu'il maîtrise par cœur. Ginette Leclerc passe faire un petit coucou.
Au final, à force de voir du sous-Audiard, du sous-Pagnol, du sous-De Funès, du sous-branquignol, on sort un peu lassé de ce spectacle, même si les bons points que j'ai cité font qu'il n'est pas trop douloureux à endurer.