On ne se refait pas...

L'adulte confronté à son double adolescent n'est pas un sujet des plus innovants, tout le monde se souvient du beau film de Noémie Lvovsky, "Camille redouble", ou encore du poussif "Bis" de Dominique Farrugia. "La belle et la belle" semblait toutefois se démarquer en abordant le sujet sur une même temporalité où Margaux quadra éteinte rencontre lors d'une soirée celle qu'elle était 20 ans plus tôt, pas franchement avenante.

Seulement voilà, la sauce ne prends pas. Le fait principal tient au personnage (sur les deux âges). Les 2 Margaux, ne provoquent aucune empathie et c'est un doux euphémisme. Trop caractérielles, trop indépendantes, et cette espèce de nonchalance corporelle, tuent le charme chez l'adulte qui semble aseptisée et l'ado déphasée. L'effet miroir ne peut qu'être négatif, souvent conflictuel et de fait décevant.

Ce qui est particulièrement pénible également ce sont les dialogues d'une platitude et d'une facilité déconcertante. Entre le "à part" maintes fois utilisé depuis "Quand Harry rencontre Sally" et qui ne fait plus sourire depuis, les grandes phrases creuses ou les réflexions verbeuses, cette superficialité agace ou endort... Car il n'y a pas vraiment de situations vraiment étonnantes, le film suit son cours au point parfois d'en oublier le sujet principal.

Et les acteurs ne sont pas à la fête non plus... Poupaud fait du Poupaud, il faudrait que les cinéastes commencent à comprendre qu'il n'est pas seulement un bellâtre mais un acteur puissant ("Le temps qui reste"), Kiberlain tourne au ralenti, quant à Agathe Bonitzer, elle en vient presque à perdre de son magnétisme. Ils apportent toutefois ça et là quelques beaux moments (la rencontre des Margaux, l'échange de regards à la fin...), mais tout manque cruellement de liant et surtout d'un grain de folie.

On ne peut pas dire que l'on s'ennuie, mais l'on ne se sent pas concerné non plus. Et quant à la conclusion du "on ne change pas le passé" la belle affaire ! Après ce que l'on a vu, il y avait bien longtemps que l'affaire était convenue...