Il est difficile d'améliorer la quasi-perfection, aussi bizarre que cela puisse paraître, La Belle et la Bête fait partie des films d'animation de ma jeunesse où je me souviens encore de l'histoire à 100%. Bill Condon s'attaquait à un monument, il est venu transformer le film d'animation de 1991 en "live action". Même si je ne suis pas un grand fan du genre, les récents succès de Cendrillon ou encore du Livre de la jungle laissent penser que ce genre plaît à un public, malheureusement cette adaptation me paraît extrêmement faible. Les costumes sont somptueux, la production et la conception du film sont impeccables, mais dans l'ensemble la plupart des ajouts (surtout quand il s'agît des nouvelles chansons) finissent par ralentir le film et finalement détourner cette merveilleuse histoire d'amour (bordel, qui êtes-vous pour m'interdire de rêver ?). Cette nouvelle version de "A tale as old as time" vous fera sérieusement regarder votre montre en attendant la fin.
Si vous avez vu le film de 1991, vous connaissez à peu près l'histoire, et à son crédit, Condon a fait quelques modifications bienvenues. L'histoire commence en montrant que la Bête (Dan Stevens) est un adulte, qui a détourné la proposition de l'enchanteresse qui l'a transformé en une monstrueuse créature. Le film explique également que la malédiction lancée par l'enchanteresse a fait oublier que le château existe, c'est pourquoi les habitants ne sont pas au courant de l'existence d'un putain d'énorme château "magique" à côté de leur village. Également, quand Belle (Emma Watson) vient sauver son père (Maurice), elle prend sa place en tant que prisonnière de la Bête, et commence à réveiller l'humanité dormante de ce dernier. Maurice retourne au village pour demander de l'aide et c'est alors que le détestable Gaston (Luke Evans) et son acolyte Lefou (Josh Gad) acceptent de sauver Belle, mais seulement pour que Gaston puisse essayer de l'épouser, même si elle a refusé sa proposition.
Le film de 1991 dure 84 minutes, à titre de comparaison, le nouveau film est de 129 minutes, et mon dieu que c'est long ! Même si effectivement, par moment on aimerait s'arrêter et passer plus de temps avec certains personnages de ce monde, ici Condon a tout faux, il investit son énergie aux mauvais endroits. Kevin Kline est un bon acteur mais je n'ai aucune envie d'en savoir plus sur la vie de Maurice ! Je n'ai pas besoin d'avoir plus d'informations sur la vie de l'enchanteresse ! Je me fiche de savoir ce qui est arrivé à la mère de Belle ! Ce dont j'ai besoin c'est d'être plongé dans la relation entre la Belle et la Bête et leur histoire d'amour (qui ne commencera pas vraiment avant l'heure de film !!).
Autre énorme problème : Le maquillage numérique. Les décors sont bons, on se croit vraiment dans un château d'époque, en revanche, impossible de croire en la Bête. Pas une seconde du film vous n'oublierez que vous regardez un visage animé. C'est un mélange bizarre, à la fois trop rigide et trop exagéré complètement incapable de saisir un moment de normalité. Soit ce n'est pas assez expressif soit on est dans l'excès où il essaie d'en faire trop et ça va réellement créer une barrière entre le personnage et le public.
C'est dommage que la relation centrale ne fonctionne pas vraiment, car tout n'est pas à jeter dans ce film. Luke Evans est incroyablement bon en tant que Gaston, on a vraiment l'impression d'avoir la copie parfaite du film d'animation et Lefou arrive à nous faire rire tout le film. L'affection que porte Lefou pour Gaston est à la fois crédible et pathétique ce qui fait le charme de ce duo.
Concernant les musiques du film, je suis loin d'être expert mais là encore, l'équilibre est mauvais. Il manque le coche sur ce que les musiques romantiques ont besoin : Romance et mélodie. En outre, si vous prenez les morceaux les uns après les autres, même ceux qui sont de bonnes chansons comme "Gaston" et "Be Our Guest" semblent de mauvaise qualité comme si Condon ne savait pas comment capturer la chorégraphie.
J'ai adoré la beauté de "La Belle et la Bête" de 1991 et j'avais de grandes espérances pour le remake live-action, mais ici, il y a un manque de considération pour s'assurer que tout fonctionne.
Il n'y a aucune raison pour que la Bête soit si horrible avec le budget de Disney, il n'y a aucune raison que les nouvelles chansons ne soient pas exceptionnelles quand vous avez Alan Menken à la musique. Il n'y a aucune raison d'ajouter de nouvelles choses si ces choses n'améliorent pas le film. Condon a évité le piège de copier le film de 1991, mais la plupart des modification et des changements ne sont pas pertinents et rendent ce film mauvais.