Ce matin comme tout les mardis matin, j'ai sacrifié au petit rituel qui me permet de voir mes parents et prendre de leurs nouvelles autour d'un petit café.
C'est salvateur !
Moins de conflits, de non-dits ou de prise de bec, nous parlons santé (ils ont 70 balais quand même), voyages, livres, enfants, études et ce matin: cinéma !
J'ai parlé de La Belle et la Bête, vu le soir d'avant, en leur disant que c'était un bon divertissement avec des costumes magnifiques, d'honnêtes acteurs français et quelques jolies trouvailles numériques.
Ils se sont regardés tout les deux et m'ont raconté leurs souvenirs de La Belle et la Bête !
1956, dans la salle de ciné de l'amicale laïque d' un tout petit village auvergnat, le film a déjà 10 ans, c'est du noir et blanc, mais riche de nuances et d'éclairages subtils. Mes parents ont 11 ans (sont déjà amoureux, mais ne le savent pas encore ) et attendent avec impatience et de délicieux frissons de peur l'apparition de la bête, interprétée par un acteur hissé sur le piédestal d'idole cinématographique.
Ils se souviennent encore de l'atmosphère froide et magique de l'univers de Cocteau, de la peur que le jeu distant de Jean Marais leur donnait.
J'ai eu envie de vous faire partager ce petit témoignage impromptu et j'ai baissé ma note d'un point en rentrant à la maison.
Pas une fois, pas une seule, je n'ai frissonné de cette peur délicieuse et attendue, pas une fois, l'univers de la Bête ne m'a fait rêver, pas une fois je me suis extasiée sur le jeu des acteurs.
Le "compte" n'y est pas.
La magie a disparue.