Escale à Stockholm
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Michio, un sculpteur aveugle, kidnappe un modèle connu, Aki Shima, dans le but de réaliser une sculpture qui restituera la perfection tactile de son corps. Le relation à trois (Michio peut compter sur sa mère pour garder l’entrée à son atelier et empêcher que la captive n’en sorte) prendra un tour inattendu.
Adapté d’une histoire particulièrement marquante (j’en ai encore des frissons) d’Edogawa Rampo, le film de Masamura minore l’horreur dans le sens où il préfère se concentrer sur une seule victime. Il n’empêche, il livre malgré tout une histoire hors normes, un classique de l’horreur touchant à l’érotique grotesque. Car visuellement, le spectateur est cueilli au bout d’un quart d’heure par la découverte de l’atelier. Imaginez un hangar obscur dont les parois sont constituées de renflements constitués d’appendices sculptés. Ici on a le coin des bouches, là celui des oreilles, là encore celui des seins, etc. Avec au milieu un immense corps féminin en caoutchouc sur lequel le kidnappeur et la victime ne tarderont pas à s’ébattre. Gros boulot du chef décorateur Shigeo Mano qui livre un décor à la fois kitsch, baroque et saisissant, avec un primat des couleurs froides au milieu desquelles jaillit la chair et la sensualité du corps de Mako Midori.
On est à l’époque d’un cinéma nouvelle vague et d’un cinéma louchant du côté de l’érotisme (les roman porno de la Nikkatsu ne sont plus très loin) et à ce titre, Masamura tape fort. On ne verra pas grand-chose de la plastique de son actrice, sa nudité étant souvent camouflée et c’est tant mieux : l’oeil du photographe prend le pas sur l’oeil du voyeur, livrant de chouettes compositions créant à merveille la tension entre désir et perception (perception d’ailleurs lacunaire dans le cas de Michio). Il s’agira moins de donner à voir que de faire sentir le malaise de la situation qui dégénérera quand Aki découvrira, alors que la séquestration la rendre elle aussi peu à peu aveugle, du pouvoir de la sensualité tactile.
Il y a dans cette histoire un peu de la variation sadienne autour de ces histoires peuplées de pauvres hères séquestrés et torturés sexuellement. Mais ici, la Justine devient en même temps une Juliette, savourant aussi bien la destruction de son tortionnaire (et amant) que la sienne. Dérangeant, mais beau. Et un excellent complément à l’histoire originale.
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Créée
le 27 janv. 2025
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