La Blonde explosive par Maqroll
Un an après La Blonde et moi, qui révéla Jane Mansfield et ses charmes opulents, Frank Tashlin récidive avec la même interprète pour une très bonne comédie teintée de burlesque et (parfois) d’un certain génie. Frank Tashlin est un auteur méconnu que l’on prend trop souvent seulement comme le metteur en scène qui a lancé Jerry Lewis… On devrait plutôt reconnaître et proclamer qu’il l’a influencé (voire qu’il lui a tout appris), tant au niveau des ressorts du comique qu’à celui du travail sur la couleur avec des explosions que l’on retrouvera plus tard chez le réalisateur de Dr. Jerry and Mr. Love. Ici, la satire sociale est énorme, celle de la télévision, de la publicité, du monde des affaires en général, du vedettariat, du sexe, du mariage… donc de la société américaine toute entière dans sa recherche illusoire de bonheurs éphémères par le biais de la réussite sociale. Dans le rôle principal, Tony Randall joue parfaitement son personnage d’Américain très moyen que les circonstances propulsent du jour au lendemain au rang de symbole sexuel, même si l’on ne peut évidemment pas s’empêcher de penser à ce qu’aurait donné Jerry Lewis à sa place… Au niveau du rythme et des idées, il est dommage qu’après un début fracassant, la dernière demi-heure s’enlise un peu dans une intrigue à bout de souffle et un pathos musical qui n’est pas toujours de bon goût. Godard, sans doute par défi, classa ce film parmi les dix meilleurs de l’année 1957… exagération sans aucun doute mais bel hommage mérité à cet auteur qui mérite d’être redécouvert.