Tu seras femme au Foyer, ma fille....

Belle surprise que ce film léger sur un sujet grave : le conditionnement et la soumission organisée et institutionnalisées des jeunes filles destinées aux "écoles ménagères " avant le grand chambardement de Mai 68.
Les jeunes filles d’aujourd’hui auront peine à y croire et pourtant, l'époque n'est pas si lointaine ou dans les familles modestes, l'on faisait faire des études au garçon et suivre une formation de "bonne épouse" à la fille...
Le talent et le tour de force du réalisateur est d’avoir su mélanger les genres sans jamais rater le glissement de l'un dans l'autre. Tout d'abord farcesque et caricatural , le ton du film ne cesse d'evoluer et les personnages de prendre une épaisseur humaine et sensible à mesure qu'ils s'affranchissent du carcan initial. Le Trio feminin de professeurs offre le catalogue attendu (mais o combien savoureux) des archétypes du genre : Bourgeoise coincée et tirée à quatre épingles, (Juliette Binoche excellente) vieille fille bonasse et légèrement fofolle ( Yolande Moreau, egale à elle-meme) et la Religieuse-camionneuse (géniale Noemie Lowski !)
La Mort brutale et grotesque du mari directeur de l'institution revèle à ces femmes habituées à suivre les directives du seigneur et maitre, que le sexe fort est surtout faible en gestion et a ruiné l'institution.. Les Dames vont devoir prendre les rennes pour sauver le Titanic...Le retour inopiné de l'amour de jeunesse de la directrice, fort heureusement banquier, va donner l'occasion à une enclave romanesque et joyeuse qui aurait pu faire flop et qui au contraire donne des ailes à la fable en y introduisant une dose d'amour et de folie ( voir Edouard Baer donner la recette du strudell aux pommes pendu à une gouttière est un Must)
Le Final verse dans la Comédie Musicale et cela évite les surcharges politico-sociales ou nostalgiques de la Révolution ..Du Bonheur sur grand écran.donc, refraichissant et intelligent . Mélange assez rare..