Pilier 1
Le film avait plein d'arguments : Juliette Binoche - Noémie Lvovsky - Yolande Moreau- Edouard Baer - Rapidement Berléand, l'évolution du rôle de la femme, la veille de 68, l'homosexualité , le refus...
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le 27 juin 2020
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Si on oublie les un peu lourdes ficelles scénaristiques qui permettent au réalisateur d’amener ses personnages où il veut, le film est plaisant, car les personnages sont incarnés par d’excellents comédiens, Juliette Binoche, Edouard Baer, Yolande Moreau, Noémie Lvovsky. Les jeunes filles de l’école sont aussi très bien dirigées, pas de fausse note de ce côté-là.
Alors oui, tout de même, l’écriture manque de finesse, les personnages sont bien caricaturaux, et la sortie finale, au moment de mai 1968, lorsque le film se conclut en comédie musicale lourdaude, est assez pathétique quoiqu’on ait aussi envie de clamer ce désir féministe d’égalité et de liberté !
Mais la description de cette école ménagère, quoiqu’un peu trop soulignée, là où Martin Provost aurait pu suggérer davantage, a le mérite de nous décrire l’atmosphère d’une époque, et la réalité de la vie de nombreuses jeunes filles, et par là-même, des femmes, dans cette France gaulliste où l’évolution de la condition féminine n’est pas une priorité… Rien de bien surprenant, l’on sait tout cela, mais le film a le mérite de montrer tout ce que l’on attendait d’une femme, être une bonne épouse, sachant bien sûr s’occuper des enfants, du linge, de la cuisine, mais contrainte également d’accomplir le devoir conjugal selon le désir du mari. Une société où la religion est encore bien présente, imposant son carcan sur la sexualité et parfois tout simplement sur la connaissance du corps féminin. Sur tous ces points, la situation actuelle, encore très insatisfaisante, hérite de toute ces périodes peu réjouissantes pour les femmes.
Les scènes finales sont quand même ennuyeuses : certes, les auteurs se sont fait plaisir mais là où le film tente une description un peu clinique de la réalité de ce type d’école, la fin est une libération totalement improbable, au moment de mai 1968. Le film pour moi s’effondre dans son apothéose libératrice, qui décrédibilise un peu tout ce qui nous était montré auparavant. Au point que l’on pourrait facilement se moquer de ce qui nous est montré : les personnes convaincues que le féminisme n’est pas pertinent sortiront-elles transformées par le film ? Pas sûr, même si ce n’est peut-être pas le projet des auteurs.
On peut aussi se demander, même si le rappel n’est pas inutile, pourquoi ils ont voulu aborder la question à cette époque alors qu’il me semble plus urgent de parler du sort des femmes aujourd’hui. C’est un peu facile de faire un film féministe sur ces années là : même s’il est bon de rappeler d’où l’on vient, il n’est pas certain que le film fasse vraiment avancer la (juste) cause féministe par ce type de traitement, permettant au spectateur peu concerné par le féminisme de se dire que finalement, les femmes n’ont pas trop à se plaindre aujourd’hui !!! Le choix est donc un peu facile, et commercial, là où on aimerait un film plus risqué sur la « condition féminine » aujourd’hui.
Bref on a là pour moi un film agréable et sympathique, mais qui aurait peut-être mérité davantage de finesse dans son traitement !
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le 13 juil. 2020
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