La Buena Vida est un film choral – mais pas de panique, c’est un bon film choral ! On suit donc le parcours de 4 personnages qui évoluent dans les rues, boutiques et appartements fiévreux de Santiago du Chili. Chacun est empêtré dans un quotidien marqué par la précarité financière et affective, mais Andrès Wood se garde bien de sombrer dans le pathos : là où le misérabilisme aurait pu être de mise, le réalisateur construit au contraire une atmosphère douce-amère qui invite plus au rire qu’aux larmes. Il y a Edmundo, qui tente de séduire sa banquière en contractant un énième crédit ; Mario, qui voit son audition de clarinette interrompue par la pause sandwich du jury au beau milieu de l’exécution d’un morceau ; Teresa, professeur d’éducation sexuelle qui ne s’aperçoit pas de la grossesse de sa fille de 16 ans… Autant de situations plus ou moins tragiques, qui se croisent par moments, et qui donnent souvent lieu à des dialogues très cocasses.
Mais on aurait tort de limiter La Buena Vida à sa seule ambition chorale : le film constitue aussi un instantané assez saisissant de la réalité sociale du Chili de 2008. Si le propos n’est pas clairement militant, l’ombre de la peur plane malgré tout sur chaque personnage : on craint pour ses économies, pour ses proches, pour sa carrière, et parfois même pour sa propre vie. La question de la mort constitue un fil rouge discret mais prégnant : Andrès Wood filme des corps plus ou moins décomposés, des sous-sols sombres et menaçants, des rues sans issue. On repense un peu à Biutiful de Iñárritu dans l’utilisation de couleurs sombres et contrastées – mais rassurez-vous, c’est quand même moins glauque. Laissez-vous tenter !