Globalement je suis très client des films et de la patte de Judd Apptow que ce soit en tant que réalisateur ou en tant que producteur. C'est donc tout naturellement que je me suis plongé dans son nouveau film The Bubble qui débarque directement sur Netflix. Un film qui combine crise du Covid et critique hollywoodienne sur fond de tournage d'un Jurassic Park version Z, forcément je suis partant.
The Bubble nous raconte donc l'histoire d'un tournage (très inspiré de celui de Jurassic World) qui se déroule sous bulle sanitaire pour cause de crise du Covid . Toute l'équipe de tournage se retrouve ainsi confiné en vase clos jusqu'à finir par se sentir totalement prisonnière de la production.
The Bubble n'est pas à proprement parlé un film post-covid et même si le film en parle souvent dans sa première partie, l'épidémie ne va servir que de contexte et de catalyseur à l'enferment plus symbolique d'une équipe de tournage rattachée à une franchise à succès. The Bubble ne parle donc pas tant de la maladie et des contraintes sanitaires que d'un tournage de blockbuster dans lequel les trois quart des personnes impliquées préféreraient visiblement être ailleurs. Et même si la farce est parfois un peu grossière et surtout bien trop légère, elle réserve quelques pics et saillis plutôt amusants. Entre le réalisateur à la mode récupéré à Sundance et balancé sur le projet comme caution cinéphile, la starlette Tik Tok engagée par opportuniste, le comédien prétentieux qui souhaite réécrire le film, la star en chute libre se raccrochant aux griffes des dinosaures et une production tyrannique gérant le tournage comme une action en bourse le film dresse un portrait aigre doux d'une mécanique désincarnée à faire des films. On pourra également s'amuser de la manière dont Judd Apptow truffe son film de quelques légers coups de griffe à l'industrie avec les dialogues inclusifs de circonstances, les sous texte écolo bien pensant un peu bidon pour faire film à message, tournage sur fond vert ou tout se gère et se remplace comme les comédiens qui quittent le navire. Même si l'ensemble n'est pas hilarant, le divertissement reste plaisant; certains dialogues font mouches et certaines vannes et situations fonctionnent parfaitement comme le trip durant lequel les comédiens changent de visages. Et puisque l'on parle de comédiens et comédiennes le film s'offre un joli casting et une bonne dose de sympathiques caméos permettant de ne jamais trop s'ennuyer.
Le problème c'est que le film est long et même sans doute bien trop long et à l'image des personnages confinés dans leurs chambres que l'ennui pousse à danser et faire n'importe quoi, le film semble faire un peu la même chose. On ne compte les séquences de danse et chorégraphies parfois embarrassantes qui parsèment le film au cœur d'une intrigue qui se délite doucement vers le grand n'importe quoi. Mon esprit frondeur de sale gosse ne regrettera même pas le délire phallique autour des dinosaures qui m'aura bien fait marrer mais bien plus ce sentiment que le film s'embourbe passé sa grosse première moitié. Beaucoup plus décevant en revanche, alors que Judd Appatow sait généralement si bien insuffler beaucoup de tendresse et d'humanité à ses personnages y compris les plus croustillants , il peine ici à rendre pleinement attachant ses caractères dont seul surnage David Duchovny et une agréable romance entre Maria Bakalova et Pedro Pascal.
The Bubble n'est certes pas le film le plus inspiré de son auteur mais il reste un divertissement sympathique et amusant. Ce vrai faux making-of d'une production d'un blockbuster aussi aseptisé qu'un test Covid réserve suffisamment d'occasions de sourire pour rester magnanime.