La Catin par thata-carre

Pour un film qu'on pourrait trouver sur youtube en visionnage complet, il faut avouer que c'est plutôt pas mal. Le principal problème étant la durée...

La catin, c'est l'histoire d'une jeune bourgeoise, très amoureuse de son ami d'enfance, désormais soldat, mais promise à la noblesse. Happée dans un complot elle est contrainte à la prostitution. De l'amour à la mendicité, en passant par le complot et le viol on a un rapide contour des raisons pour lesquelles on peut avoir des relations sexuelles. La plupart des scènes sont suggérées bien qu'explicites, mais heureusement car le film est très court, si on montrait tous ces clients, il en deviendrait un vieux porno. Je fais grâce du reste du synopsis qu'on trouve facilement sur internet, sans passer sur un coté historique qui était pour moi, assez méconnu et intriguant. Au delà, de l'histoire un peu pathos, l’entremêlât d'intrigues et le petit rappel du rôle de l’Église de l'époque, en proie à de grands bouleversements mais non moins puissante, aurait de quoi tenir en halène.
Ce film donne propose tableau de la société Allemande du 15e siècle, dressant rapidement quelques portraits de classes sociales. On pourra néanmoins lui reprocher de ne faire qu'effleurer tout ce qui constitue cette société sans entrer dans la profondeur, ce qui laisse finalement un goût un peu fade. Le film dure tout juste deux heures, pour tracer l'odyssée vengeresse d'une jeune bourgeoise déshonorée. Je n'ai pas lu le roman d'origine, peut-être que ce dernier restait déjà sur un scénario de roman à l'eau de rose, dans le cas contraire on peut présumer que le budget plus réduit d'un "télé" film aura obligé quelques grossières coupures. Une série aurait permis d'en faire un franc succès.

Il y a assez peu de personnages clés, et il va sans dire que l'histoire fait l'honneur aux femmes, sans pour autant ridiculiser les hommes, qui arrivent comme des personnages secondaires réussis. Il ne s'agit pas là, je pense, d'une volonté féministe de la dernière heure comme on en voit beaucoup actuellement, mais il faut juste se rappeler qu'une bonne partie du film se déroule dans une communauté de prostituées regroupée pour survivre. Dès lors, mises au banc de la société elles sont contraintes d’œuvrer entre femmes. Mais on pourra noter un autre personnage fort du film en la noble qui engage Marie pour son satisfaire son époux. Bien qu'elle apparaisse peu, il se dégage du personnage une impressionnante grandeur, dès la première apparition. Le jeu de l'actrice, sa posture et sa candeur y sont d'ailleurs pour quelque chose !

Si la durée est un peu radine on ne peut pas en dire autant sur les décors et les couleurs. Plusieurs scène sont particulièrement bien réalisées mettant l'héroïne en valeur dans des tenues lumineuses tandis que le reste de l'écran semble teinté de gris poussiéreux. Les vêtements font ainsi ressortir le coté volontaire de cette jeune femme brûlant du désir de se venger. A contrario dommage que le manteau d'hermine du roi semble tout droit sorti d'un magasin de farce et attrape, rajoutant au bâclage du dénouement, encore ce problème de durée...

Le dénouement d'ailleurs est décevant, en mode Arlequin. Après la rapide bénédiction du roi, tout va mieux. Les deux amoureux sur la plage, un bisou d'amour... il ne manque que le coucher de soleil.

Le film est à visionner en VO de préférence, la langue française gâchant grandement la prestation, déjà perturbé par le chronomètre, mais à voir quand même. Facile à suivre et distrayant, ce n'est pas un chef d’œuvre mais c'est un film agréable qu'on aura pas de mal à revisionner pour se détendre.