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Sophie, jeune femme introvertie, est engagée comme bonne à tout faire par un couple de bourgeois. Elle est analphabète mais le cache bien tant elle en a honte. Elle va se lier d'amitié avec la postière, Jeanne, jeune femme extravertie au passé trouble qui déteste les patrons de Sophie. Sans y toucher elle monte peu à peu Sophie contre ses patrons...
C'est l'adaptation du roman "L'analphabète" de Ruth Rendell qui s'est inspirée du fait divers sur les soeurs Papin.
Je vais un peu dévoiler l'intrigue!
Ce qu'il y a de bien chez Chabrol c'est qu'il prend toujours bien soin de nous présenter les personnages sans les juger. Et de faire découvrir peu à peu leurs secrets et différents aspects de leur personnalité. Et là on n'est pas déçu par les 2 héroïnes! Elles ont toutes les 2 été jugées pour pour celui de sa fille, Sophie pour celui de son père infirme .Mais elles n'ont pas été condamnées car comme elles le disent en riant il n'y avait aucune preuve. C'est d'ailleurs l'un des premiers basculements du film :on sent que quelque chose d'horrible va se produire et la tension augmente au fur et à mesure du film, le point culminant étant quand Sophie va faire du chantage sur le secret de Mélinda (la fille des patrons, par ailleurs la moins snob et la plus sympathique de la famille).Et c'est pourtant par elle que le drame arrive.
Là Chabrol est au sommet de son art! Il a su faire monter le suspens et en nous rendant presque complice des 2 jeunes femmes car on finit par trouver antipathiques
ces patrons, surtout George Lelièvre plus encore que sa femme.
Comme souvent chez Chabrol, la bourgeoisie est égratignée: la famille est très snob et prend tout le monde de haut sans pour autant s'en rendre compte...
Et puis c'est un film sur la différence sociale où l'on voit l'incroyable fossé entre les pauvres et les riches ne serait ce même dans la culture: le personnage joué par Jean-Pierre Cassel est fan d'opéra par exemple...
Les acteurs sont à la fête: Jean Pierre Cassel(formidablement détestable) dans les seconds rôles se détache. Sandrine Bonnaire est grandiose en bonne introvertie qui cache bien son jeu. Isabelle Huppert est une fois de plus remarquable en femme manipulatrice. Elles ont d'ailleurs toutes les 2 remporté le prix d'interprétation exaequo à la Mostra de Venise.
Le cru 1995 de Chabrol est grand et se bonifie à chaque vision! Et puis il est devenu un vrai classique au point d'avoir été une des inspiration de "Parasite" de Bong Joon-Ho (il le revendique lui même !), une des palmes d'or les plus réjouissantes ! A voir absolument !