Y'en a une de postière subversive et elle est divine... (De toute façon, quel que soit son rôle, elle est toujours divine - Huppert bien sûr). Elle n’a pas sa langue dans sa poche et elle s’en fout mais alors si vous saviez.

Y'en a une de servante dévouée, boniche opiniâtre, sainte-nitouche pas très éloignée du niveau de crétinerie de Judith Godrèche, qui ne sait pas lire et qui fait des drôles d'onomatopées accompagnées de gestes pour essayer de défricher un mot de la patronne qui veut simplement qu’on lui repasse sa chemise blanche.

Y'en a une de snob, la petite bourgeoise condescendante et méprisante dans toute sa splendeur.

Y'en a un au cheveu grisonnant, vieux beau, ténébreux, dandy, classe folle comme son charmeur de fils, acteur sympa et excellent (Jean-Pierre Cassel bien sûr).

Y'en a une qui mérite des fessées et plus si affinités (je veux), tant elle a une tête à claques et des belles fesses à fessées bombées derrière son pantalon de velours noir (virginie Ledoyen).

Et puis il y a un couloir qui mène d’une pièce à la chambre de la bonne et inversement. Un chemin symbolique, ombrageux, passage tortueux. Accès difficile voire impossible d’une catégorie sociale à une autre. Trajet indispensable pour se rendre au travail. Marche répétitive et avilissante dans cette « gorge profonde » tapissée. Rituel solennel. Itinéraire bas-de-plafond. Circuit des frustrations et des humiliations subies via un boulot « de chiottes », le service pour des bourgeois ingrats, hostiles, hautains et inhospitaliers. Itinéraire tragique mais logique d’un drame noir. Voie allégorique d’une fracture sociale, d’un fossé sans fond entre les classes, venelle brillante de l’antagonisme entre la bourgeoisie et la classe ouvrière. Le film tient sur les dimensions étroites de cette « artère » physique.

Et y'en avait un de réalisateur qui nous proposait à travers cette œuvre, une réalisation léchée, dépouillée, dans une ambiance ouatée, feutrée, pour mieux faire imploser les émotions, la colère en particulier. Un auteur qui va à l’essentiel, qui ne fait pas de fioritures et d’artifices superflus. Un auteur humble, heureusement ...ça existe.

Et …bravo Chabrol.

Ah ce Chabrol,

…Claude.

Je ne veux plus que du Chabrol.

Chabrol, et rien que Chabrol.

Ah oui c’est vrai, ...dommage qu’il ne soit plus là.

Hommage donc.
ErrolGardner
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le 16 mai 2013

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Errol 'Gardner

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