Qu'on aime ou pas les comédies "franchouillardes" (les guillemets traduisant ce qu'il faut de retenue pour un terme parfois affectueux, parfois cyniquement accusateur), qu'on ait ou pas pissé de rire devant Bienvenue chez les Chtis, cette nouvelle exploration de la lutte des classes et des clichés sociétaux aurait pu être un magnifique terrain pour une avalanche de fous rires plus ou moins coupables. Un casting reprenant bon nombre d'éléments gravitant dans la sphère danyboonesque mettait, sinon l'eau à la bouche, du moins le spectateur dans un relatif confort, lui conférant une certaine assurance contre la tristesse et l'ennui. Et c'est là que le bât blesse : Line Renaud est certes bien mise en valeur, mais la famille peine terriblement à exister par elle-même, recourant à des dialogues étonnamment fades et des quiproquos sans saveur. Bonneton ne retrouve pas sa verve habituelle, engoncée dans un rôle bâtard et peu convaincante en ressortissante d'un Nord plus que fantasmé, écrasé par des poncifs malhabiles et des clichés nauséeux. Pierre Richard, qu'on attendait beaucoup, est carrément sacrifié sur l'autel d'un script qui n'appuie jamais là où ça pourrait faire mal, ou faire simplement rire. Ca manque de folie, et de justesse de ton. Seule Laurence Arné parvient à imprimer à l'écran une énergie et une classe qui redore le blason de nombreuses scènes équivoques et instille un sourire fugace. C'est bien peu pour une comédie pleine de bons sentiments, sans doute sincèrement écrite , mais qui ne sait ni faire rire, ni faire réfléchir.