Les courts-métrages de sci-fi sont sans doute parmi les plus casse-gueules : créer un univers ou mettre en place un concept en si peu de temps, tout en structurant le récit et en l'agrémentant de personnages correctement caractérisés, ça paraît utopique. Le mieux, c'est de partir dans quelque chose de plus expérimental, une présentation d'un univers, d'un concept, mais éviter la structure classique. L'auteur tente cette démarche mais ne réussit tout de même pas à offrir quelque chose de puissant.


L'idée de base est plutôt chouette mais rien n'est exploré : on en veut plus !!! Si l'auteur ne perdait pas autant de temps à déballer son jeu (au lieu de montrer directement l'état de ces pauvres femmes, l'auteur fait durer l'ignorance du spectateur pour le surprendre) il pourrait alors mieux exploiter ses idées. Puis malgré tout, on sent une volonté de narration plus classique avec cette évolution de la situation : on apprend que les grossesses sont de plus en plus rares, le personnage-médecin doit alors accepter sa défaite (=évolution) et agir en conséquence. mais c'est faible. Ce personnage, on ne le connaît pas ; vu son investissement (il entre personnellement dans les salles pour demander aux clients de lâcher la chair, ce n'est même pas un sbire/une infirmière qui doit s'en charger) on suppose qu'il y tient à son projet, surtout si la survie de l'humanité en dépend, du coup sa résignation n'a aucun intérêt, c'est même ultra décevant puisqu'il ne fait rien pour échapper à l'échec. Quant à la fin, je n'ai pas trop compris... on débranche la seule capable d'accoucher ? Qu'est-ce que cela signifie ? L'auteur n'arrive pas à rendre compte de l'espoir que cela représente, semble préférer partir dans un trip métaphysique à la 2001.


La mise en scène est plaisante : j'aime beaucoup l'aspect visuel. Je ne sais pas trop pourquoi les visages ne sont détaillés que dans certains plans et pas d'autres, je me suis dit que c'était une histoire d'épure, mais vu le peu de détails sur chaque visage, je ne pense pas que ça aurait nui à la cohérence graphique. L'aspect des cheveux est également étrange (en constant mouvement, ça rappelle un peu "Vice-Versa") mais à nouveau je ne comprends pas trop ce choix graphique. Je comprends que ça puise être un style, mais à partir du moment où on part dans quelque chose d'aussi épuré et en même temps symbolique au niveau de la narration, chaque élément doit avoir sa signification, rien ne doit être laissé au hasard, il faut éviter à tout pris le caprice d'auteur gratuit.


Bref, ce court-métrage est intéressant et mériterait d'être développé au travers d'un récit plus long, plus complet, via une mise en scène moins maniérée, moins poudre aux yeux.

Fatpooper
5
Écrit par

Créée

le 31 mars 2017

Critique lue 133 fois

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 133 fois

D'autres avis sur La chair

La chair
Fatpooper
5

Vaporeux

Les courts-métrages de sci-fi sont sans doute parmi les plus casse-gueules : créer un univers ou mettre en place un concept en si peu de temps, tout en structurant le récit et en l'agrémentant de...

le 31 mars 2017

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

122 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

120 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

107 j'aime

55