J'avais perdu à peu près 4 kgs de larmes en voyant "Parle avec elle" et donc je sais pas trop pourquoi, mais j'aimais moins les films de suite du génie espagnol. Ils me semblaient fadasses. Je m'en passais même assez volontiers. Avec la sortie annoncée de "La chambre d'à côté" j'avais retrouvé comme une grosse envie, notamment grâce à ce casting parfait. Swinton, Moore, Turturo,... il y a pire. Donc roule ma poule, l'histoire semblait attrayante, entre deux amies qui se retrouvent et vont vivre des expériences troublantes. J'imaginais un truc un peu psycho-tordu, un peu pervers et néanmoins croustillant. Nul besoin d'en savoir plus pour me décider par ces longs après-midis aux frimas lénifiants. J'allais me ré-ga-ler.... ... ...
Comment ça une est en phase terminale ? Comment ça l'autre l'assiste à partir ?
Bon, comment dire ? Cela va être compliqué d'émettre un avis sur le fond du film traitant un sujet aussi délicat que le choix de sa propre fin de vie. Délicat, car bien évidemment on ne peut être QUE concerné, compassé, attentif, bienveillant dans son propre jugement sur ce pitch, ainsi que sur celles et ceux qui ont dû se voir confrontés à la question. Piège rhétorique absolu.
Quant à la forme, j'y ai trouvé des comédiennes bien évidemment phénoménales de justesse, de retenue, de... dignité ? L'image superbe est typique Almodóvaresque. Il filme les femmes comme personne. C'est beau, dans des décors classieux qui font passer la pilule. Tiens à propos de pilule, Tilda ne retrouve plus sa pilule létale trouvée sur le Dark Web. Suspens !!! Ben voyons, allons-y pour un acte manqué. Il y a tout un tas de trucs dans le scénario qui paraîssent vraiment lourdauds, improbables voire inutiles. Comme les discours de Turturo dans son rôle d'universitaire blasé glosant sur l'état du monde. Mais tout ça est passé néanmoins comme une lettre à la poste, considérant l'état d'extrême fragilité et de confusion mentale dans lequel j'étais plongé depuis le début du film.
Il est certain que la patte Almodóvar est parfaite de délicatesse. Le même thème filmé à Gustave Roussy, avec une fin de vie en Airbnb dans un F3 grisâtre à Deuil-la-Barre sous RMI, ça manquerait disons d'un peu de légèreté pour libérer les synapses. New-York et sa splendide campagne environnante dans un univers d'intellectuelles friquées, c'est quand même moins tragique, plus ciné-génique. C'est donc ce qu'on appelle : un "joli" film qui touche et fait réfléchir sur un sujet ultra-sensible, mené par deux comédiennes remarquables et orchestré par un Almo (un peu) vieillissant.