Si une stylisation excessive (tous les intérieurs, les costumes, aux palettes de couleurs généreuses, comme manufacturés au millimètre) sied parfaitement le mélodrame, matière première habituelle de l'auteur, elle amène ici une distanciation au sujet un peu déstabilisante. Pedro, homme qu'on devine depuis quelques films visité par quelques fantômes, même s'il assèche ici coté récit son cinéma, ne renonce de fait pas au mélodrame (en exemple le dispositif de la porte fermée, inacceptable raisonnablement. Et la musique d'Iglesias plus présente que jamais). Ce sujet de société qui appartient à tous étant en outre incarné dans théâtre sur-réel des ultra-privilégiés (là aussi un héritage du Mélodrame classique), la distance est doublée. Le spectateur lambda contemple comme de loin un récit qui devrait le saisir s'il pouvait le ramener à lui. Mais ce voyage est bien difficile. Il faudrait faire preuve de beaucoup d'imagination.
L'ouvrage est magnifique, de manufacture. Les dames en imposent (on en attend pas moins d'elles. C'est un peu leur marque de fabrique). Mais le film ne semble pas s'adresser vraiment à nous. Un objet à la cible indécise.