Au début du film les deux fauteurs de troubles taggent un message sur les murs de Thilliez Electronics. Le nom de cette entreprise est un clin-d'œil à Frank Thilliez, auteur de romans noirs et polars, juste un peu moins (re)connu que Chattam en France. Sa Chambre des morts (2006) a été un très gros succès, lui permettant d'abandonner son poste d'informaticien pour se consacrer à l'écriture. Si Thilliez a au moins une vertu c'est de ne pas retenir ses coups et la première adaptation cinéma en atteste.
La Chambre des morts profite d'un scénario tortueux, de gueules cassées taillées au burin et d'une mise en scène simple et généreuse. Elle est à la limite du criard mais le film sait presque toujours s'arrêter à temps avant de se perdre dans le grotesque, un peu moins au niveau de la complaisance lourde dans le malaise (quand Lellouche et Zaccai prennent l'écran). Rien de neuf mais une belle efficacité. Ce thriller français case les références (Silence des Agneaux & cie sont au rayon culture) et les clichés du genre en vigueur depuis une quinzaine d'années, sans trop explorer de leurs côtés.
Ce sont des béquilles, voire un postulat dans le cas dans la petite nouvelle brillante et mystérieuse, au passé ravageur qu'on ne manque pas de signaler, mais sur lequel on ne fera pas trop miroiter au spectateur. Le film s'occupe de tas de postures pour habiller un corps banal et doper l'essentiel : un travail d'ambiance et de nerfs. Car La chambre des morts est léger, il est animé mais ne creuse rien, ses personnages virent insipides ; mais il ne louvoie pas, offre régulièrement des recadrages puissants (et Mélanie Laurent a une composition intéressante). L'énergie candide du film lui vient aussi de son acceptation de la réalité, du bitume et de la vulgarité : commissariat sans afféteries, flics aux brainstormings normaux, excentriques de profession.
Le sensationnaliste, le bigger-than-life, c'est pour les scènes de crimes et pour la perversité – abondamment citées, rarement montrées mais souvent suggérées. Avec son affaire 'bonus' en parallèle (qui rejoindra la principale de façon astucieuse) et ses quelques raccords ambigus, La Chambre des morts ressemble à un très bon téléfilm pressé, s'autorisant des largesses (sans valoir Trouble ou Dédales). Un divertissement qui ne laisse pas de traces, mais a réveillée la poupée Annabelle sept ans avant qu'elle soit le sujet du spin-off de Conjuring. La Chambre des morts n'a pas à rougir face à ce genre de productions.
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