Étrange film que celui-ci: sur un scénario -peu innovant mais pas inintéressant non plus- de Wentworth Miller, on suit l'emménagement d'une famille (oui, encore) dans une (méga) grande maison (ou manoir ou ferme de luxe ou...) et il va se passer des trucs bizarres.
Vu comme ça, ce Disappointments Room peut paraitre rébarbatif, car usé jusqu'à la corde.
Mais, la raison pour laquelle ils viennent en ce lieu, c'est parce que Madame a perdu sa fillette âgée de moins d'un an (mort naturelle, au premier abord).
J'en vois dans le fond qui vont dire "mouais, le trauma classique, quoi" !
Je ne pourrai pas vraiment les contredire, ceci dit...
Ceci dit, qu'est-ce que signifie disappointment room?
Littéralement la pièce de la déception, mais sous ce terme étrange se cache une pièce "secrète" où était retenu un/une enfant difforme, dans les familles de grandes bourgeoisies du XIXe (genre Elephant Man).
Les parents étaient honteux de leur rejeton hors-norme, donc ils cachaient l'existence de ce "canard boiteux"...
Bref dans le film, c'est un juge (interprété par l'inquiétant Gerald MacRaney) qui décide un jour d'ôter cette "verrue" de son existence (infanticide, pour les plus distraits).
La pauvre gamine sera travaillée au marteau (scène assez glaçante, même si les coups sont donnés hors cadre) et maman sera mangée par le chien (on le verra pas, puisque scène coupée).
Dana, Ben et leurs fils David emménage donc dans cet endroit retiré, histoire que Madame puisse retaper la maison (elle est architecte) pour se changer les idées (noires) consécutives à la mort de son deuxième enfant.
Mais Dana découvre bientôt la fameuse disappointments room et à la suite de quoi, elle commence à voir des choses...
Ce film laisse perplexe: outre des scènes convenues (l'apparition du chien, de la gamine ou du juge), le déroulement du récit semble contenir des ellipses ou des non-dits.
La cause en est multiple: d'une part le film a été monté à la hache par la production, laissant nombre de scènes sur la table de montage (dont l'une où Dana -en proie à ses visions du passé- se retrouve au milieu d'une garden party organisée par le Juge, tandis que sa fille difforme est cloitrée dans sa chambre-cellule, dans le grenier; une autre scène suivait la découverte par Dana du chat décapité par le fameux chien noir et un flashback nous indiquait que le Berger Allemand avait aussi dévoré la femme du Juge, sans que celui-ci ne s'interpose pour l'éviter...)
L'autre cause est d'origine financière: le film a été produit sous l'égide de Relativity Media qui tombe avant la fin de la post-production, sous le chapitre 11 de la loi sur les faillites US.
Bref, le studio était en banqueroute.
Ces deux évènements n'ont donc pas contribuer à rendre un film vraiment fini.
Après, Disappointments Room n'est pas non plus une catastrophe comme indiquée sur tous les médias: on y trouve une belle photo, une réalisation de D.J Caruso pas honteuse et la bonne interprétation de Kate Beckinsale, qui montre qu'elle sait faire autre chose que du Selene dans Underworld 70.
A ce titre, la scène du repas d'anniversaire de la mort de sa gamine est tout simplement excellente.
Dana -qui revient un peu émêchée- commence à s'en prendre verbalement à son mari puis au couple d'amis présents.
Becky nous fait un breakdown vraiment très chouette, tandis que la réaction du couple d'amis est...ben, très réaliste!
Alors bien sûr, le sort réel de Ben (bricolo man) demeure un mystère, la mort du chat semble inexpliquée,la fin est abrupte...
Nul doute que les scènes coupées et la fin originelle supprimées auraient pu apporter quelques lumières sur ces trous narratifs, mais ainsi vont les producteurs...