Pas de miracle

Contient des spoilers mineurs

Jeffrey Dean Morgan fait partie de ces acteurs dont je dois me méfier quand j'évalue leurs films afin de rester objectif. Surtout popularisé par The Walking Dead, je le connaissais depuis 2005 et Supernatural et c'est un de ces acteurs-caméléons qui me fascinent tant par leur charisme que par leur capacité à incarner des rôles opposés, du père de famille aimant à la brute épaisse en passant par l'opportuniste sans foi ni loi, sans jamais qu'aucun de ses personnages ne lui colle à la peau au point qu'on finisse par l'enfermer dans une case ou un genre (personnellement je n'arrive plus à voir autre chose que le Dr House en Hugh Laurie ou Sheldon Cooper en Jim Parsons par exemple). Il est accompagné par Cary Elwes, bien connu des fans de la saga Saw et par un ou deux bons acteurs « visage », qu'on a tous déjà vu quelque part sans se souvenir où. Une base de casting plutôt correcte, donc.

Le synopsis est relativement aguichant : si les films d'horreur basés sur la religion sont légion, ceux basés sur les apparitions de la Vierge Marie le sont beaucoup moins. Malheureusement, ce gage de curiosité voire d'originalité est plombée par la fin de la lecture du synopsis et par le visionnage de l'affiche, qui révèlent absolument tout du film, mauvaise habitude des productions horrifiques qui est habituellement dévolue aux teasers/trailers. Mais on tente le coup quand même : parce qu'on aime l'acteur, parce qu'on espère un twist particulier, un traitement différent ou tout simplement parce qu'on aime l'horreur.

Les derniers espoirs sont enterrés dès les premières secondes du film où l'on assiste à une scène de mise à mort de sorcière consumée par le désir de vengeance et on comprend donc vite que l'on aura affaire à une histoire déjà vue, malgré le cadre religieux. D'ailleurs, déjà vu est le qualificatif qui résumé le film dans sa majorité. Pour commencer, le déroulement : tout va d'abord bien (même miraculeusement bien), puis un peu plus mal, puis très mal, puis les protagonistes cherchent à comprendre à quoi ils ont affaire, de préférence dans une cave sordide dans un vieux grimoire poussiéreux écrit en latin qu'un personnage maîtrise de façon fort pratique, et la lutte contre l'entité maléfique débute avec les informations reccueillies. Oui, c'est le cahier des charges de la production horrifique formatée et on n'y échappe pas. Sont aussi présents les inévitables jump scares (d'ailleurs numériques et un peu dégueulasses techniquement), l'imagerie associée à tous les films où Satan est mentionné de près ou de loin (les croix qui prennent feu et les statues de Vierges qui pleurent des larmes de sang, à un moment faut arrêter siouplaît...). Mais le plus gros souci du film c'est sans doute qu'il peine à instaurer quelques moments de tension, du fait de sa prévisibilité et d'une créature pas exceptionnelle techniquement mais surtout finalement peu flippante. Le final est un peu gâché par une « intervention » qui fait sens scénaristiquement mais qui confère un peu de mièvrerie à la conclusion.

Il y a quand même des choses à sauver. L'alchimie entre la jeune fille « virginisée » et le personnage de Jeffrey Dean Morgan est bonne. Ce dernier, un journaliste à sensation sans scrupules en quête de rédemption tout au long du film est plutôt bien écrit, son évolution est satisfaisante, portée comme souvent avec cet acteur par une interprétation de qualité. Je ne me suis pas non plus ennuyé globalement. Je vois que la sortie est prévue pour Juillet en France et elle correspond bien à ce que cette production est : un petit film d'horreur estival, pas atroce mais oubliable, qu'on va voir pour profiter de la clim' tout en subissant les coups de coude des ados des sièges voisins au moindre jump scare. Quoique les jauges auront au moins le mérite d'éviter ça à celles et ceux qui se déplaceront en salles. Un petit 5,5, si SC nous le permettait.