Arnaque divine
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Si l’on part du principe qu’un film d’épouvante doit faire peur, alors, cette Chapelle du diable est un échec.
Si La Chapelle du diable est la première réalisation du Greco-Américain Evan Spiliotopoulos, celui-ci a déjà derrière lui une fructueuse carrière de scénariste, que ce soit pour Disney (où il a travaillé sur des productions de second ordre, comme Le Secret de la Petite Sirène ou Clochette et la Pierre de lune) ou pour d’autres productions (Hercule, de Brett Ratner, ou le récent Charlie’s Angels avec Kristen Stewart). Rien qui, a priori, ne le prédestinait au film d’épouvante.
Et honnêtement, ça se voit. La Chapelle du diable ne présente aucune scène horrifique. D’abord parce que Evan Spiliotopoulos ne cherche même pas à instaurer une ambiance propice à l’horreur. Comme tant d’autres actuellement dans ce genre, le cinéaste pense que la multiplication d’effets choc devrait suffire à faire peur, et fait donc l’impasse sur l’essentiel.
Ainsi, au lieu d’avoir une atmosphère effrayante, La Chapelle du diable se contente d’accumuler les jump scare, les apparitions d’une sorcière numérique et de lourds effets musicaux. Finalement, rien qui soit horrible là-dedans. La déception est d’autant plus grande qu’avec une scène de pré-générique convoquant Mario Bava et son Masque du démon, on était en droit de s’attendre à bien mieux. Mais, une fois de plus, multiplier les références ne suffit pas à faire un bon film.
Parmi les maladresses, il faut noter que le doute sur les miracles d’Alice est particulièrement mal exploité. Le récit perd une bonne moitié de sa durée à plonger ses personnages dans le doute concernant l’authenticité des miracles. Or, dans le même temps, le réalisateur nous abreuve d’images de l'antagoniste démoniaque, ruinant ainsi ce doute auprès des spectateurs. Nous passons donc de très longues minutes à voir une histoire qui, finalement, ne suscite aucun intérêt, alors que la piste du doute distillé chez les spectateurs aurait pu s’avérer payante.
La Chapelle du diable n’est pas sans qualités, cependant. Le principal point fort réside dans son personnage principal interprété par un Jeffrey Dean Morgan très convaincant. Le protagoniste s’appelle Gerald Fenn et c’est un journaliste peu scrupuleux, qui s’est fait virer de son ancien poste (très lucratif) pour avoir inventé de toutes pièces des histoires afin d’alimenter ses articles. Désormais cantonné aux articles racoleurs sur des “phénomènes paranormaux”, il a conservé ses bonnes habitudes consistant à “arranger” la réalité pour qu’elle soit plus vendeuse. Gerry Fenn est un personnage cynique, déchu et rejeté, provoquant surtout du dégoût et de la méfiance. Il est dit, plusieurs fois, qu’il vendrait son âme pour un bon article. Il pourrait très bien être, lui aussi, le Unholy du titre original.
En bref, ce personnage de anti-héros, très bien interprété, pouvait offrir un récit intéressant. Hélas, il se retrouve finalement dans un schéma de rédemption totalement balisé…
Diogo Mordago interprète un autre personnage intéressant (bien qu'inabouti également), un prêtre chargé par le Vatican d'enquêter sur la véracité des miracles.
Parmi les qualités, il faut citer une scène finale qui débute plutôt bien (avant, là aussi, de retrouver des procédés déjà vus des milliers de fois).
En bref, une fois de plus, nous avons un film d’horreur qui passe à côté de son sujet, avant tout par son manque de qualités techniques, l’incapacité à faire naître l’épouvante chez les spectateurs étant palliée par des procédés lourds et déjà vus.
[article initialement paru dans LeMagDuCiné]
Créée
le 12 juil. 2021
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