Il faut se replonger dans le contexte de La charge héroïque, sorti en 1950. Le western est un genre déjà éculé et le duo John Ford/ John Wayne n’est plus trop dans le vent. L’histoire de Nathan Brittles, racontant l’ultime convoyage « secondaire » d’un capitaine de cavalerie, est en écho avec la stature de Wayne, acteur qui entrevoit son chant du cygne dans l’industrie cinématographique américaine. Comme son personnage, il impose le respect mais est conscient qu’il est trop vieux pour ces conneries ( l’héroïsme, la fleur au bout du fusil, le « sans peur et sans reproches » chevillé au corps). Logiquement, la performance physique de Wayne est donc reléguée pour mettre en avant la prestance du vieux gradé qui connaît les ficelles et ne s’en laisse plus conter pour commander, agir et statuer. Ce niveau de lecture sous-jacent du film met vraiment dans le mille. Malheureusement il dépasse le contenu même de La charge héroïque où l’action piétine ( n’avez vous pas l’impression de voir le même plan du convoi de Brittles et de ses hommes au milieu de Monument Valley?), les interactions entre les personnages ne sont pas efficacement dialoguées donc peu consistantes et les événements sensés historiques ( l’union des forces indiennes après la mort du Général Custer) condensés pour être plus illustratifs qu’un brin habités. Pour l’époque, où l’audience prisait plus le divertissement que la qualité réelle du spectacle, ces détails étaient bien évidemment secondaires. Aujourd’hui, la donne a changé et les approximations de mise en scène du film et la platitude de certains dialogues sont vraiment flagrants. Sur la longueur, j’ai trouvé que le film bégayait sa grammaire visuelle, que les acteurs avaient des prestations ronronnantes sans convaincre et qu’il avait déjà dit ce qu’il avait important à livrer à son tout début. Ni chef d’œuvre ni accomplissement majeur, La charge héroïque se laisse regarder sans fulgurances ou trouvailles géniales. C’est là son moindre défaut , le cantonnant à une exposition hélas restreinte.