Fabrice, Clélia et San Severina pour toujours
J'avais lu le roman de Stendhal, il y a très longtemps et j'en gardais un souvenir mitigé, y compris de cette adaptation, vu il y a 20 ans à peu près. Cette nouvelle vision du film m'a permis d'avoir du film un oeil neuf: bien qu'il y ai certaines longueurs, surtout au milieu du film, Christian-Jaque propose une adaptation très enlevée, relativement moderne dans sa réalisation pour l'époque (1948). Le fait d'avoir vraiment tourné en extérieur - ce qui était rare-, dans la ville et les alentours de Parme, rajoute à l'authenticité, certainement voulu par le réalisateur. A l'époque le film avait été grandement critiqué et largement incompris, bien que le succès public fût au rendez-vous. La direction des trois principaux acteurs est remarquable: Gérard Philipe est un Fabrice Del Dongo fiévreux, Maria Casarès excellente en San Severina, prêt à tous les risques et les sacrifices pour son neveu Fabrice et Renée Faure, parfaite en Clélia, superbe héroïne romantique. Les plus belles scènes sont celles des trois derniers quart d'heure, surtout celle de l'église (avec l'Ave Maria en fond musical) entre Fabrice et Clélia. A noter la prestation de Louis Seigner, qui nous donne toute l'étendu de son talent en gardien de prison ambigüe. Quelques ruptures de ton lié au jeu des autres acteurs dont Louis Salou, en Prince Ernest, qui joue en roue libre dans un comique gênant car en décalage avec l'esprit du film. Peut-être Christian-Jaque a-t-il voulu souligner la tyrannie du personnage en le rendant volontairement ridicule. Sur ce point il rate sa cible. Bon film à redécouvrir (bien meilleure que l'autre célèbre adaptation de Stendhal "Le Rouge et le Noir" d'Autant-Lara, encore avec Gérard Philipe).