La chasse au cliché sauvage à Pâris
Michael Haussman a dû se dire un jour qu'il allait se faire plaisir. Il a l'air d'être fan de Wim Wenders, du coup il s'est dit qu'il allait faire un film. Un road movie mélancolique, comme Paris/Texas. Comme pays la France il ne connaît pas trop, mais y'a les artiste, et la bohème, c'est cool, et après Budapest y'a des prostituées et c'est Européen, ça a l'air bien.
Donc pour faire comme dans les Ailes du Désir il s'est dit qu'il fallait prendre Nick Cave dans un second rôle et, rajouter une de ses chansons à chacune de ses apparitions pour bien mettre en valeur sa présence. D'ailleurs il aime bien la musique, donc il s'est dit qu'une chanson par scène ne serait pas de trop, ça pourra donner des scènes un peu nonchalantes à la Jim Jarmush, et ce sera John Cale qui composera une BO un peu planante pour combler les trous entre deux titres. Du Nick Cave, John Cale, un peu de Gainsbourg parce qu'on est en France et que tout le monde écoute Gainsbourg, deux trois chansons françaises vieillottes... Ah et pour la scène de tension il faudrait du métal, c'est à la mode. Il avait pensé à du Nine Inch Nails mais finalement Marilyn Manson c'est bien, pas grave si ça couvre les dialogues, il suffit d'arrêter la musique en plein milieu pour la faire repartir plein pot après la phrase intéressante. Et le personnage menaçant s'appellera "Big Man With a Gun", comme ça le spectateur verra bien qu'il aime bien NIN quand même.
Mais finalement il faudrait une histoire pour aller avec tout ça. Du coup retour chez Wenders: ce sera un américain qui débarque dans le quartier des artistes pour chercher sa petite amie, et qui vit au jour le jour en volant (parce que c'est cool les voleurs). Et du coup il va rencontrer plusieurs personnages déjantés, qui vont le guider à Budapest dans... dans un peep-show. Et là... ben il va trouver la liberté et envoyer chier la société, c'est cool ça ! Faudrait qu'il y ait un meurtre et aussi une femme avec un revolver, Gôdard disait que c'était cool. Et du sexe, beaucoup, avec un personnage féminin instable. Et voilà !
Dans la tête de Michael Haussman cet assemblage donnait probablement un film sensible, contemplatif, et donc poètique faisant echo à Wim Wenders et Jim Jarmush. Le résultat est tout autre. Rhinoceros Hunting in Budapest c'est interminable, monté à la truelle avec un travail sur le son absolument horrible, et pour couronner le tout très mal joué. Je met deux points pour quelques rares idées porteuses de sens et Nick Cave (dont la filmographie, qui m'a guidé ici, est incroyable, à l'exception de ce truc), le reste parlera peut-être à quelques aficionados de Wenders et/ou des clichés sur France des artistes de rue 60's, mais pour moi c'est non.
