La chatte andalouse par Alligator
Oct 2009:
Une cinquantaine de minutes très bien écrites, qui dessinent une histoire en forme de mystère humain et qui s'interrogent sur la foi, la sexualité, le corps et l'amour. Difficile pour moi d'en parler sans spoiler. Pour ce film moins qu'un autre, il ne faut révéler les secrets de cette chatte andalouse. Je vais essayer de rester le plus abscons possible. Que dire? J'aurais volontiers l'envie d'être loquace. C'est d'abord l'écriture très intelligente qui domine. Un très beau travail de Gérald Hustache-Mathieu. On est happé par un mystère : on découvre une bonne soeur qui vend des pots de miel sur le marché et qui va chercher des préservatifs, qui reçoit un homme dans une maison isolée sur le bord d'une falaise normande et qui pour finir, démoule un phallus en platre qu'elle peint en bleu pour l'entreposer sur une bibliothèque déjà garnie d'une myriade d'autres verges bleues. Le reste du film est l'explication raisonnable de ces extravagances. On prend part à une tranche de vie pendant laquelle cette jeune soeur apprend à vivre avec sa foi et ses pulsions, une histoire très ouverte, tolérante où l'individu trouve une route à sa dimension, c'est à dire complexe, pleine de détours et de virages plus ou moins faciles à négocier. Désolé, c'est forcément très vague. Le noeud du film réside essentiellement dans la révélation de cette intrigue que je dois absolument ne pas révéler.
Au delà de cet aspect spectaculaire et mystérieux, un fond, une interrogation, un semblant de réponse et une très belle ode à la joie, à la simplicité des rapports amoureux, de la relation entre corps et âme viennent donner une savoureuse densité au tout.
Pour incarner cette belle histoire il fallait la grâce -le terme est on ne peut mieux choisi, merci- la beauté blonde et fraîche, naturellement en plus du talent de la comédienne. Avec ses grands yeux si ouverts, si bleus qu'ils semblent autant faits pour écouter que pour voir, avec la douceur de ses gestes et l'attention tactile qu'elle parvient à exprimer, j'ai l'intime conviction que l'actrice Sophie Quinton livre là une performance de très haute tenue, d'une justesse hallucinante en même temps qu'on la sent encore empreinte non d'une certaine candeur mais disons d'une heureuse incertitude, celle des débutants. Cela donne quelque chose de très beau, sur un fil très touchant. Elle porte littéralement le film sur ses frêles épaules, aidée tout de même par deux comédiens aux rôles moins dispendieux en efforts, Blanca Li et Cédric Grimoin.
Ce film est pour moi l'occasion de très festives découvertes entre celle d'une formidable comédienne, mais également d'un auteur aux aspirations très attirantes, à l'humour très particulier, entre gags brutaux et situations de contrastes mais toujours plein d'une infinie tendresse pour tous les personnages. Un cinéma chaleureux, complice, jamais moqueur, ni violent et qui aborde des notions assez graves entre spiritualité et sexualité avec un recul et une audace vivifiants. Un film sur les choix de la vie, sur l'amour dans tous les sens du terme, l'amour de Dieu, l'amour de son prochain et l'amour sexué.