Yōji Kawai est un salarié d'apparence introvertie et sans passions connues. A ses collègues qui s'inquiètent de le voir toujours célibataire à 31 ans, il répond qu'il vit avec un chat à la maison, "un chat si beau qu'il ne saurait pas le décrire". En fait de chat, il a recueilli une jeune fille, Naomi, qu'il a sorti de sa campagne où elle était destinée à quitter le foyer familial pour devenir hôtesse de bar ou danseuse de cabaret. Entre la jeune oisive et Yōji s'installe une relation perverse, ce dernier s'empressant après le boulot de photographier la belle dans des poses lascives, de la baigner, la frotter, la porter à cheval sur son dos... bref, de céder à tous ses caprices et de la traiter au mieux, comme une poupée ou un objet de plaisir. Au bout d'un an de ces jeux amoureux, les deux goûtent au fruit défendu, et le paradis artificiel qu'ils s'étaient crée vole en éclat. D'oisive et frivole, Naomi devient volage, cupide, sadique, entraînant Yōji dans une spirale infernale de dettes et de candaulisme pour satisfaire les caprices de sa jeune amante.

Lorsqu'enfin les deux pensent pouvoir se défaire de l'emprise malsaine de l'un sur l'autre, ils sont rongés par le remord et la dépression pour lui, l'abandon et la solitude pour elle. Privée de ses ressources matérielles et abandonnée par ses jeunes amants qui après l'université rentrent dans le rang, elle revient chez Yōji.

Deux ans avant La Bête aveugle, Yasuzō Masumura nous livre déjà le récit d'une captivité sadique -- les sévices physiques en moins -- à partir d'un roman de Taniguchi, qui s'était inspiré de sa belle-sœur pour écrire le personnage de Naomi. On y retrouve des éléments empruntés à Ozu, comme les "plans-tatamis", les intérieurs, et la récurrence de "pillow-shots" de cheminées d'usine. Mais un Ozu perverti. Là où le maître sublimait l'épure et les intérieurs dépouillés, Masumura s'amuse à y injecter le désordre, tels les vêtements criards et les chapeaux de Naomi qui envahissent l'espace sans jamais être rangés.

Pas le meilleur Masumura mais un bon film tout de même.

Yushima
7
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le 16 juil. 2023

Critique lue 24 fois

Yushima

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