Je viens de voir La Chinoise, film plus ou moins culte de JLG sorti en 1967, mais qui alors passa complètement inaperçu et même fit un bide (au niveau des entrées) malgré le "Prix spécial du jury" que lui décerna cette année-là le Festival de Venise. On a dit a posteriori que le film était prémonitoire de mai 1968. Peut-être... Ce qui est sûr c'est qu'il a marqué un virage dans la vie et production artistique du célèbre réalisateur, comme nous l'a, entre autres, raconté l'année dernière Michel Hazanavicius dans son film Le Redoutable (adapté du bouquin autobiographique d'Anne Wiazemsky, alors femme de JLG).
Esthétiquement, j'ai trouvé que La Chinoise se rapprochait un peu de Pierrot le fou : même usage de couleurs vives, même lumière, même directeur de la photographie (Raoul Coutard). Le film se regarde sans déplaisir. D'autant que les actrices et acteurs sont sympa. Anne Wiazemsky et Juliet Berto sont très charmantes (et hélas plus de ce monde ni l'une ni l'autre). Quant à Jean-Pierre Léaud, c'est amusant et ô combien mélancolique de le redécouvrir jeune et frais.
Pour ce qui est du scénario proprement-dit, tout ça a pas mal vieilli. J'avoue avoir un peu décroché en cours de route. Le propos n'est pas facile à suivre et sans doute qu'une deuxième vision (pour mieux comprendre les intentions de Godard) ne serait pas superflue, mais l'occasion m'en sera-t-elle donnée ? Ça n'est pas sûr.
En résumé, j'ai trouvé le film assez sympathique, grâce, notamment, à ses interprètes, mais aussi par sa volonté de casser et renouveler les codes habituels de la narration et de la structure cinématographiques (horrible sentiment de pédaler dans la choucroute, mais tant pis, je continue) ; par contre, tout le propos politique (à la sauce Mao Zedong) m'a semblé obscur ou incroyable, démodé, dérisoire (mais probable que Godard ait voulu le rendre tel). Et puis, le nom de Francis Jeanson (le professeur de philosophie qui, conversant dans le train avec l'étudiante "maoïste" Véronique / Anne Wiazemsky, l'invite à réfréner ses explosives envies d'action révolutionnaire) ne m'évoquait absolument rien, avant que je ne consulte sa fiche dans Wikipedia.
Sinon, l'affiche est réussie et tient le choc.