A vrai dire, je ne sais pas vraiment ce qui est le pire dans ce film.
Que le scénario soit totalement indigent, c'était parfaitement prévisible. On ne regarde pas ce type de film pour la qualité de son histoire ou pour des dialogues kierkegaardien. Pour le coup, on est servi, quand même.
Pomper les Die Hard en plein cœur de Londres, ça aurait pu être sympa, à condition de savoir faire du Die Hard. Or, il ne suffit pas d'une ou deux répliques qui se veulent comiques et d'un enchaînement de bastos dans la tronche pour faire du Die Hard. Butler, pour qui j'ai normalement une certaine indulgence, est absolument pathétique en simili-McClane. Qu'il se limite aux comédies romantiques, il y est nettement plus à l'aise. (oui, je suis indulgent, vous voyez)
Il y a cette réalisation qui doit tout aux jeux vidéo. On navigue entre le vide absolu des scènes calmes et le tournage en mode Call of duty, mais chiant. Oui, parce que pas un seul instant le bonhomme ne sait donner vie à ce qu'il filme. Là où le jeu vidéo implique que l'on soit au cœur de l'action, ici, à coups de fausses audaces (quelques plans séquences en pleine action), le spectateur se retrouve finalement exclu de ce qui se déroule à l'écran, suivant ça de très loin, dans une explosion de pyrotechnie de chaque instant. Honnêtement, attendez de voir le feu d'artifice, ce sera bien mieux.
Non.
Le pire est ailleurs.
D'abord, il y a cet incroyable relent raciste qui inonde le film. Pour trouver les ennemis, ce n'est pas très compliqué, il faut chercher les Arabes. Ils sont violents, traitres, sournois. Ils attaquent sans la moindre raison, prenant plaisir à torturer et tuer pour semer le chaos autour d'eux. Ces gens-là ne sont pas comme nous.
Ils ne sont pas Américains.
Oui, parce qu'il faut bien le dire, il n'y a que les Américains qui connaissent le vrai mode de vie. C'est d'ailleurs pour cela que les Bougn... les méchants cherchent à les tuer. Les Européens, c'est pas mal, ils sont occidentaux, mais c'est quand même moins bien. Tiens, prenons l'exemple de la sécurité. Ces connards d'Anglais, s'ils avaient fait un peu attention, ça ne serait pas arriver. Mais avec leur volonté d'être multiculturels, ils ont laissé des gens douteux (Arabes, donc) infiltrer leur société, jusqu'à leurs services d'ordre. Erreur fatale ! Et on voit le résultat !
Pas la peine de préciser que nous avons ici tout un discours pro-USA bien gerbant, qui atteint son point culminant lorsque le président de cette grande nation répète son serment d'investiture en se faisant tabasser. Et, à chaque coup de poing, il se relève en mode "même-pas-mal", la chemise à peine froissée.
Le racisme du film se double d'une affirmation soutenue et revendiquée de la paranoïa sécuritaire. Le film débute ainsi sur notre héros qui installe cinq ou six caméras de surveillance dans la chambre de son enfant.
Sociologiquement, ce film en dit très long sur notre époque où l'enfermement sur soi est chez soi constitue une sorte d'idéal de vie. Avec son corolaire : la peur de l'autre, et son rejet. Parce que l'autre, c'est le Mal.