J'attendais beaucoup de ce film, vraiment.
Souvent cité comme un incontournable de Ridley Scott, le papa d' « Alien », « Blade Runner » et « Thelma et Louise » (pour citer mes préférés), porté par un casting prestigieux (Ewan McGregor, Tom Hardy, Eric Bana...)...il y avait de quoi se frotter les mains.
Lorsque j'ai appris que « La chute du Faucon Noir » était un film de guerre mettant en scène l'armée américaine dans les années 1990, ma curiosité et mon intérêt pour ledit film en ont été exacerbées.
Car s'il y a une chose pour laquelle Scott est doué, c'est la création d'une ambiance forte. Il est connu pour donner à ses films une identité propre, pour ne pas être un réalisateur dit « interchangeable ».
Je me réjouissais à l'avance d'un film de guerre balayant les clichés hollywoodiens à tendance propagandiste, rejetant la facilité de certains types de dialogues lourds comme le plomb.
L'action se déroule durant la Guerre Civile Somalienne de 1992-1993, événement historique peu traité par l'industrie du cinéma.
Le spectateur avait donc toutes les raisons d'être surpris, accroché, tenu en haleine par ce film...et non.
Les premières minutes sont pourtant de bonne augure : Des images de Guerre saisissantes montrant les victimes civiles de ce conflit, un rappel historique des faits... On est plongés dans une ambiance sombre, tragique mais réaliste, sans pathos. Et on en sort vite.
La majorité du film (sa quasi-totalité, en fait) est centrée sur les soldats américains dépêchés par les Nations-Unies pour arrêter le principal chef de Guerre Somalien et sécuriser certaines villes. On entre vite dans la phase des présentations et déjà, on se perd...il y a énormément de soldats. Non pas que ce soit une mauvaise chose en soi, il est normal d'humaniser les personnages dans un tel contexte, mais tout est fait de manière précipitée. On les découvre au fil des vannes qu'ils font les uns sur les autres, insouciants et loin de se douter de l'expérience qu'ils vont vivre.
Les personnages sont clichés au possible. On a le général paternaliste avec ses soldats, l'officier grincheux, le trouillard (Ewan McGregor), le soldat parfait (Eric Banna), la jeune recrue zélée (Orlando Bloom), etc...
Ce qui nous mène au principal défaut du film : Ce film est un film de propagande pour l'armée US, sérieusement. Je ne suis vraiment pas du genre à chercher des message idéologiques vicieusement cachés dans des œuvres de divertissement mais là...entre le soldat à moitié mort qui insiste pour retourner sur le champ de bataille, les citations à la « on s'en fout de la politique, on se bat les uns pour les autres », etc... Et absolument TOUS les soldats sont dans cet état d'esprit ce qui pose une question essentielle : Comment peut-on s'attacher à de tels personnages, exempts de tous défauts ?
En ce qui concerne les civils qui sont, cela dit en passant, les principales victimes du conflit sans que ce soit montré plus de deux minutes à l'écran...eh bien ils font parti du décor, ils participent à l'héroïsation des soldats. On évite de leur tirer dessus parce que c'est mal d'avoir des dommages collatéraux, on s'excuse quand on rentre chez eux par effraction...
Attention, je ne suis pas contre les films de Guerre « bon enfant » (s'il est possible de faire pareil oxymore), mais il faut que le ton soit donné dès le début. Là, on est plongés dans un film aux allures de reportage avant de basculer dans un manque total de crédibilité en ce qui concerne la psychologie des personnages.
Et c'est la même chose pour les miliciens somaliens. A part un officier arrêté par l'armée américaine à qui on peut accorder les rares répliques dignes d'intérêt du film (à propos de l'ignorance des Etats-Unis en terme de géopolitique, de leur ignorance des peuples), on n'entrevoit à aucun moment les motivations de ces hommes. Ils sont très méchants, même les femmes et les enfants sont armés, et voilà. Bon.
Pour parler de l'action, c'est pas très compliqué...y a que ça, tout le long. On a bien quelques moments de répit pour admirer une émouvante scène de décès dans d'atroces souffrances mais globalement, ça tire dans tous les coins. Et je vous garantis que des combats de rue pendant plus d'une heure, c'est trèèèès long.
Voilà pourquoi je n'ai pas aimé « La chute du faucon noir ».
Maintenant, on peut relever quand même des points positifs.
Tout d'abord, il y a des plans assez époustouflants, notamment de survol de la mer en hélicoptère et les plans de foule sont très bien réalisés.
Ensuite, en ce qui concerne la documentation, on sent qu'un vrai travail de recherches a été réalisé pour reconstituer précisément le déroulement de l'action. Ca change des films de guerre où on entend des « Alpha 3-0, sécurisez la zone C2 » et où on y comprend rien. Ici, tout est bien détaillé, compréhensible, même si ça n'enlève rien au côté assommant de l'action ininterrompue.
Enfin, la symbolique de « la chute » est assez bien exploitée car c'est par la chute d'un soldat (Orlando Bloom) que toute la tragédie présentée a commencé. C'est ensuite au « Faucon Noir » de chuter. La métaphore de l’événement « mineur » ayant des répercussions énormes est plutôt réussie, à mon sens (il faut dire que, étant donné le propos bas-du-front du film, j'ai été tenté d'extrapoler un peu...).
Enfin, le casting est bon, on a affaire à de bons acteurs...dont les personnages ont été écrits honteusement. Mais on ne peut pas leur reprocher de « mal jouer leur rôle ».
Voilà voilà, un mauvais Ridley Scott selon moi, sans être un navet honteux.
Si ce film nous offre une leçon, c'est celle-ci : Peu importe la thématique, tout dépend de comment elle est traitée.