Bien sûr il ne faut pas se fier au pitch. On pourrait croire en lisant le résumé d'Arte à un film qui se fout de la gueule de tout le monde, du maire à l’agent de police en passant par le boucher. Un film qui semblerait conspuer à la fois la populace « prompte au lynchage », comme si c'était écrit par un énarque arrogant, et les notables « corrompus » ou les flics « pourris », comme si c'était écrit par un démagogue professionnel. Il faut donc d'abord faire abstraction de tout ça pour pouvoir apprécier le film pour ce qu'il est_ une farce jubilatoire et loufoque, ce qui est rare dans le cinéma français, et qui dévie vers le fantastique, ce qui est encore plus rare dans le cinéma français.

L'inspecteur Triquet (Bourvil) vient de démasquer Mickey le Bénédictin, un faussaire ivrogne et frileux qui n'aime pas le cassoulet. Le gentil, sensible et sautillant inspecteur Triquet (Hioup ! Hioup!) se retrouve à Barges (à Salers dans la réalité) pour essayer de coincer le Bénédictin. Et c'est le moment de chanter :

C'est un gentil, c'est un cœur tendre, mais vous ne perdez rien pour attendre, hélas hélas, fatalitas !

Les habitants du coin semblent terrorisés par la légende de la bargeasque, une bête monstrueuse, une sorte de tarasque qui se cacherait la nuit derrière les maisons en pierre volcanique noire battues par un vent glacial. L'enquête amène l'inspecteur Triquet à rencontrer une galerie de personnages excentriques et inquiétants. Un boucher brutal, un maire cauteleux avec un tic de langage (quoi?) (Raymond Rouleau), un pharmacien pas commode, un petit curieux qui regarde tout avec des jumelles (Francis Blanche), un brigadier soucieux de sa coiffure (Jean Poiret), un docteur cynique (Victor Francen) et un employé de mairie féru de légendes (Jean-Louis Barrault). Triquet est aidé dans ses recherches nocturnes par Livina, la secrétaire du maire (Véronique Nordey). Le film se change sans en avoir l'air en film d'épouvante avec la présence menaçante de la bargeasque dans le brouillard, et l’accumulation de morts suspectes au village, avec une scène finale de poursuite dans une crypte digne de la Hammer.

La Cité de l'indicible peur est une belle adaptation de l'univers de l'écrivain belge Jean Ray qui repose sur la description humoristique d'un quotidien trivial bousculé par l'irruption du fantastique et de la peur.

Zolo31
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le 3 mai 2023

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Zolo31

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