Le cinéma japonais ne tend pas l'autre joue
Voici une preuve que le cinéma va parfois bien au-delà de quelques images incrustées sur une pellicule.
En effet sans un terrible évènement ce film n'aurait jamais existé. Le festival japonais du court métrage de Sendai préparait sa onzième édition lorsque le 11 mars 2011 eut lieu l’accident nucléaire de Fukushima. La vie de tout un pays fut mise entre parenthèses durant de longues semaines, y compris en matière de culture, et le festival de Sendai n'eut donc pas lieu.
Mais plutôt que de déposer les armes, les organisateurs décident de répondre par l'art au deuil national. Ils font ainsi appel à la volonté des réalisateurs du pays, en commandant des films d'une durée de 3 minutes et 11 secondes (référence au 11 mars) ayant pour toile de fond le drame de Fukushima. 41 metteurs en scène vont répondre, preuve de la santé incroyable de ce cinéma nippon.
Et comme le prouve Hideta Takahata avec sa "Claque", la douleur, le malheur peuvent être de merveilleux vecteurs artistiques. Pas question ici d'évoquer la terrible catastrophe en oubliant l'ambition cinématographique. Ce film est un bel objet, intelligent, malin, drôle et traduit concrètement le message de tout un peuple : les dirigeants en charge de la centrale nucléaire méritaient des claques et Takahata leur en donnent, au sens propre, par l'intermédiaire d'une jeune fille, révoltée, refusant l'inexorable.
Un film à l'image d'un pays : en souffrance mais debout, magnifiquement debout.
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