La Classe américaine par OrsonneOuellsse
La classe c'est d'être chic dans sa manière de s'habiller. Rien de tel que d'aller chez Azzedine Alaia, ou même de s'acheter des sous-pulls chez Yohji Yamamoto." Réfléchissez attentivement à cette phrase... A première vue, elle n'a rien d'extraordinaire. Juste une affirmation un peu pompeuse et finalement pas très intéressante. Un peu comme celle-là: "J'aime pas trop les voleurs et les fils de pute". Celle-là, vous seriez même plutôt d'accord avec. Mais en tout cas, elles ne vous disent pas grand-chose... alors même qu'elles ont été prononcées respectivement John Wayne et Orson Welles. Wait, what?!
Un film où on ne parle pas de cyclimse
Evidemment vos connaissances cinématographiques ne sont pas (forcément) encyclopédiques mais ça devrait vous paraître bizarre. Dans le cas contraire vous êtes au choix Bruce Wayne et vous en avez vu d'autres, ou ataraxique et rien ne vous atteint (troisième cas, vous vous en foutez mais ce n'est vraiment pas très sympa). Autant Orson Welles a une tête à dire ce genre de chose, autant John Wayne, au théâtre comme à la ville, n'est pas le genre à avoir des répliques vestimentaires sorties tout droit de Vogue (ou Figaro Madame).
Et pourtant si. Mais dans La classe américaine : un film français écrit et réalisé par Michel Hazanavicius (OSS 117) et Dominique Mézerette (Le boulet) en 1993. Pour les plus cultivés et/ou plus vieux d'entre vous, il y a anguille sous roche. Et même plésiosaure sous grain de sable. Notamment parce qu'Orson Welles et John Wayne sont morts respectivement en 1985 et 1979. [Sifflement de X-Files]. Les cas de nécromancies étant plutôt rares de nos jours, l'explication est ailleurs. [Sifflement de X-Files].
Ça détourne
En réalité, La classe américaine est un gigantesque détournement d'une heure-et-demie réalisé à partir de plus d'une quarantaine de films produits par Warner Bros. Cela a été rendu possible lorsque la compagnie a, pour son centenaire, autorisé l'utilisation d'extraits de son catalogue pour réaliser des films promotionnels. Hazanavicius et Mezerette ont, à la place, réalisé un hommage à Citizen Kane (Orson Welles) : Georges Abitbol (John Wayne), portant officiellement le titre d'homme le plus classe du monde, décède dans des circonstances mystérieuses et ses dernières paroles sont « monde de merde ». Deux journalistes, Peter (prononcé « Pétaire », joué par Dustin Hoffman) et Steven (prononcé « Stévaine » joué par Robert Redford) sont chargés d'enquêter sur sa vie. Ils vont interviewer tous ceux qui l'ont connu sous la forme de flashbacks, tout comme dans Citizen Kane.
Le petit plus qui rend ce détournement mythique, outre les répliques cultes, c'est que les deux réalisateurs ont utilisé la plupart des doubleurs originaux des grands acteurs. Et entendre John Wayne dire : « tu baises les ménagères ? Soit, tu dois avoir le cul qui brille, mais c'est pas ça qu'on appelle la classe. », ça n'a pas de prix. (Pour tout le reste bien sur il y a Eurocard Mastercard.)
En résumé : ce film est à voir d'urgence comme remède à la déprime ou pour accompagner une bonne soirée entre potes. Et tout comme les bons vins qui se bonifient avec l'âge, plus on regarde La classe américaine, plus ça devient drôle. Par contre, il n'existe aucun moyen légal de l'acquérir donc il faudra pour une fois faire entorse à votre sens aiguisé de la moralité et le télécharger. Si vous ne l'avez encore jamais vu, essayez de trouver la version HD, seuls les nostalgiques aiment encore la version originale en qualité betacam.