La Clinique de l'amour ! par Wykydtron IV
Quand j'ai vu quel était le titre original français sur allociné, sur mon portable, me suis demandé si celui anglais vu sur le programme du marché du film, "Sex, lies and surgery", n'était pas moins pire.
Le titre fait très "Les feux de l'amour", mais j'avais confiance en Artus, me disant qu'il avait juste fait un mauvais choix de titre.
... en fait, le titre s'avère bien choisi, pas pour vendre, fichtre non, mais il colle bien au film.
Le film vise justement à faire penser aux séries interminables du genre des Feux de l'amour ou Amour, gloire et beauté, etc. Le film est d'ailleurs anglicisé, et les personnages ont tous des noms du genre de "John", "William", "Samantha", ...
Le problème c'est que le kitsch volontaire de ce film ressemble trop à celui involontaire de ces séries qu'il parodie. J'ai même cru que toute cette niaiserie était premier degré, au départ.
Les acteurs sont immondes, et quand la pastiche devient plus apparente, le jeu trop niais cède à celui trop hystérique, ou trop lourd ; en tout cas, il reste dans l'excès.
On a Bruno Salomone au casting, je sais plus dans quoi il a joué, mais une série française de merde (presque un pléonasme).
Quand le film s'affiche plus clairement comme une comédie parodique, l'humour se montre d'une grave lourdeur. Un seul exemple : un perso nommé "Samantha Bitch". Pitié !
Il y a aussi pas mal de gags basés sur de gros coups de poing dans la gueule avec un bruitage énorme, ça en devient vraiment lassant.
La scène de sexe est l'exemple parfait du ratage comique qu'est ce film : ça se veut loufoque, bien dingue, mais le résultat est accablant, et trop ridicule pour qu'on puisse en rire. La frontière n'est pas assez bien tracée entre ce que le film veut être ridicule, et ce qu'il rend ridicule sans le souhaiter.
Dans une scène au pôle Nord, est-ce fait exprès que cette bourrasque neigeuse qui rentre dans la cabane fasse si fake ?
Le film n'arrive pas bien à gérer non plus son aspect parodique, et ne se démarque pas assez de ce qu'il veut critiquer (il y a bien un moyen de le faire sans tomber directement dans le lourd, non ? merde !). A vouloir pointer du doigt les rebondissement trop gros des serials américains, ce sont ceux du film qui deviennent trop gros, ne faisant pas suffisamment la séparation avec le matériel d'origine.
De toute façon, la manière dont le film enchaîne les séquences et les évènements est grotesque, la façon de faire passer certaines informations est forcée (oh bah tiens, voilà que débarque à la clinique la star qu'on a vu à la TV au début d'une séquence il y a 20mn) et tout est exagéré pour qu'on comprenne (le type qui pète les plombs devant la TV, pour amener l'info sur son ancien job), et le film finit par abuser des hasards gros comme une maison. Enfin, même plus une maison, gros comme un manoir.
On se rend compte comme l'écriture a été fait en cédant de nombreuses fois à la facilité quand mon voisin devine, bien malgré lui, la suite, en sortant une réplique-type : "Je suis ton père"...
Je dois avouer qu'il y a quelques gags qui sont à la limite du drôle : l'équiper de la clinique qui se réjouit en apprenant qu'il y a eu 20 blessés.
D'autres, j'ose le dire, marrants : l'eau gelée qui sort du verre, le vendeur asiatique qui dit de chaque produit qu'il est bon pour "sexualité". C'est tout, je crois.
Le gag de l'ours, c'est tellement con et gros et idiot, que ça m'a amusé. Même si je n'osais pas trop rire, dans la salle.
Avec des gags comme la petite "apparition" d'Obama et sa femme, je me suis dit que dans ce film, il y a des trucs tellement énormes que soit ils fonctionnent parce qu'on se dit que ça va loin, soit c'est nul. Le plus souvent, c'est nul. Je crois.
Le problème c'est qu'au bout d'1h20, on en vient à rire en plus de se couvrir le visage des mains, mais sans savoir à quel degré on rit.
Les seuls points communs avec "Grégoire Moulin contre l'humanité", ce premier film d'Artus de Penguern que j'adore, c'est que : le réalisateur joue encore le rôle principal, et il y a une séquence de danse décalée à la fin.
Sinon les deux n'ont rien à voir en terme d'humour.
Le public était quand même facile dans la salle, il y en a qui ont ri aux gags les plus nuls et faciles...
Moi qui avais parlé un peu de ce que je savais du réal aux deux mecs qui m'ont suivi à la projection, quand les lumières se sont rallumées j'ai juste dit "son premier film était beaucoup mieux", puis pendant un moment je ne savais vraiment pas quoi dire, trop confus.
C'est eux qui ont parlé en premier, disant qu'au moins, ça ouvrait bien le festival de Cannes car ils ne pourraient voir pire après. Je précise que celui qui a dit ça, quand je lui ai dit au début de la séance que j'espère que ce serait bien, comme c'est à cause de moi qu'ils sont venus, m'a répondu qu'au moins ils auraient vu un film aujourd'hui et que de toute façon il vient à Cannes pour voir des films et qu'il sait qu'ils ne seront pas tous bons.
On aurait peut-être dû aller voir Ducoboo 2, qui passait à côté (on aurait bien rigolé je pense, mais encore moins au premier degré)
(Cannes #1)