Artus de Penguern nous quittait en mai 2013. Un an plus tôt, son deuxième long-métrage sortait dans un anonymat sinistre en plein été (62 112 entrées). D'autant plus malheureux que De Penguern n'a jamais fait que de la comédie populaire, comme en témoigne son dingo Grégoire Moulin contre l'humanité (2001).
La clinique de l'amour sortait en plus à une bonne période, la télévision américaine alignant les séries médicales comme jamais, de Grey's anatomy (2005-) à Dr House (2004-2012), en passant par Nurse Jackie (2009-2015). Le film se présente comme une parodie de la plupart de ces séries, avec un air de soap opera qui rappelle aussi bien la parodie des Inconnus Maîtresses et patients que... Melrose Place (1992-99).
Hé oui, on l'oublie souvent mais le soap de Darren Star avait beaucoup d'intrigues se déroulant dans un hôpital, notamment celles mettant en scène la volcanique Marcia Cross. Dans La clinique de l'amour, il y a des rivalités entre frères, des tentatives de meurtres, des opérations épiques (dont un combo blessure par balle - accouchement), des adultères, des secrets inavoués, des sabotages et autres mélodrames frappadingues. Soit tout ce qui fait le sel des soaps avec ses rebondissements sortis de nulle part pour relancer l'intérêt du spectateur, y compris la présence d'un ours copain de De Penguern depuis que ce dernier a soigné le premier.
Même les prénoms des personnages sont volontairement américanisés pour jouer encore plus sur la parodie des séries et le film se déroule visiblement aux USA, pas mal de choses étant écrites en anglais. Artus de Penguern réussissait parfaitement son coup, s'amusant de tous les clichés possibles pour faire rire le spectateur et avec une simplicité sidérante. D'autant que tous les acteurs jouent le jeu, semblant s'amuser comme des petits fous.
De Penguern était déjà revenu sur les soaps à travers des sketchs et un court-métrage nommé La polyclinique de l'amour (1998). Un contexte qu'il reprendra avec autant de talent dans cette Clinique de l'amour, qui fait office de deuxième chef d'oeuvre. Il est d'autant plus triste que le réalisateur n'a jamais eu l'aura qu'il aurait dû avoir de son vivant.