Sur le papier, c'est formidable : un homme meurtri par la mort brutale de sa femme lors d'un braquage de bijouterie, attends huit ans que le chauffeur des malfrats, qui sont en liberté, sorte de prison pour l'emmener sur le chemin de sa vengeance inéluctable...
Premier film de l'acteur Raúl Arévalo, Tarde para la Ira n'est hélas jamais à la hauteur de son pitch. Il est maladroitement embourbé dans un acte 1 pénible, jamais clair "pour faire genre" et inutilement long, et quand enfin l'action se met en marche, Arévalo passe à côté de son sujet...
L'idée que l'homme qui se venge devient plus dangereux et plus néfaste que ses proies, car il est implacable et intransigeant, est parasitée par de sérieux manques d'écriture.
Tout d'abord il n'y a jamais aucune conséquence extérieure à ses actes. Par exemple, on penserait que la Guardia Civil serait à la recherche de deux hommes en survêtement au logo de la salle de sport... Mais non, les deux compères peuvent sillonner l'Espagne sans être inquiétés.
Même quand vient la fin, Antonio de la Torre n'est pas mis face à l'horreur de ce qu'il a perpétré. L'ambivalence morale n'est jamais adressée !
Mais surtout, Raúl ne se préoccupe jamais de faire évoluer son duo. Ils commencent l'aventure comme ils la finissent, ce qu'ils pensent l'un de l'autre n'a pas bougé d'un iota, et on ne peut qu'attendre une bonne heure que son héros ait fini sa petite besogne...
Un ennui si épais qu'on peut le toucher !
Du reste, Tarde para la Ira tient sur son formidable duo d'acteurs, qui tirent cette non-intrigue vers le haut autant qu'ils le peuvent, avant que le générique n'intervienne...